La refonte des diplômes et la création de formations diplômantes

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En période de grands changements, c'est la formation qui devient le « nerf de la guerre ». Indispensable pour le développement de nouvelles missions ou missions de conseil, la formation des professionnels doit être adaptée.

Un principe sur lequel s'accordent les trois candidats.

Nous ne pensons pas que la refonte totale du diplôme soit une priorité de la profession. A l'inverse la réglementation du stage est source de beaucoup de préoccupations. Le nombre de stagiaires suspendus à cause d'un DSCG incomplet est très préoccupant. Il faut certainement interdire le démarrage du stage avec un DSCG incomplet, rendre plus simple l'obtention du DEC et revoir en partie la soutenance du mémoire.

La réappropriation de nos cursus est un vaste chantier totalement neuf qui reste à ouvrir. Nous avons besoin d'une adéquation entre nos métiers et les diplômes qui y préparent. Quitte à les inventer.

Qui, par exemple, est plus apte que l'Ordre à manager des formations diplômantes opérationnelles sur les filières paie et audit ? Des partenariats avec les établissements publics et privés qui dispensent déjà des formations homologues déboucheraient sur une labellisation OEC des parcours. Au terme d'une formation initiale courte et pratique, les étudiants accompliraient un stage en cabinet. Un diplôme CSOEC validerait l'ensemble. Nous proposerons ainsi aux jeunes des emplois sérieux, évolutifs et durables.

Simultanément, nous devons envisager l'avenir avec l'intégration de nouveaux profils qui, maîtrisant la technique, soient de plus en plus orientés vers le conseil. C'est ce qu'attendent nos clients.

La valeur ajoutée de nos cabinets se déplace. Nous devons faire évoluer nos missions en ce sens. Nos formations aussi.   

Cette question prolonge la question précédente. Si la comptabilité tend à se robotiser, que ferons-nous de nos collaborateurs Bac + 2 et Bac + 3 aujourd'hui experts en tenue, en révision et en production comptable et fiscale ?

C'est tout l'enjeu de nos cabinets ! Il va donc nous falloir inventer les missions de demain, étant entendu que nous ne transformerons pas tout le monde en gestionnaire de patrimoine ou en Data Scientist !

Les pistes sont pourtant nombreuses : accompagnement dans la gestion par la production de tableaux de bord et de budget, assistance au recouvrement de créances, accompagnement des particuliers dans leurs obligations administratives, fiscales et sociales, etc.

Ce sont ces formations que nous souhaitons lancer très rapidement au niveau de l'Ordre de Paris Ile-de-France pour proposer sur des formats de 5 à 10 jours la certification sur ces nouveaux métiers.

En ce qui concerne la formation initiale, la refonte des programmes est un travail qui prendra 10 ans : nos diplômes étant gérés par l'éducation nationale... Pour accélérer le dispositif, l'idée est de tester sur Paris la création d'un master de collaborateur de cabinet. Cette formation, en alternance, permettra d'adapter les nouveaux diplômés DCG/DSCG au travail en cabinet. Faut-il conclure des partenariats avec des écoles existantes ? Faut-il faire évoluer l'Asforef pour organiser cette formation initiale complémentaire ? Voilà les sujets qui seront étudiés durant les 2 années de notre mandature afin de proposer une offre de formation répondant aux attentes des cabinets et des étudiants.

Il faut passer d'une logique ou la formation est perçue comme une contrainte obligatoire à une logique où la formation est vécue comme un investissement indispensable. Pour accompagner les cabinets, nous envisageons également de lancer une plate-forme de suivi pluri-annuelle  des formations de nos collaborateurs: Quelles compétences ? Quels besoins ? Quelles formations ? Pour quelles missions demain ? L'Ordre entend répondre à ses questions en proposant à l'ensemble de notre profession les formations et les outils nécessaires, libre ensuite à chacun d'y prendre ce qu'il pense pouvoir lui être utile.

Le diplôme et sa refonte constituent, ne nous en cachons pas, ce que nous pourrions appeler un serpent de mer ou un marronnier. Mais il est temps de s'en préoccuper fortement parce que si nos métiers bougent autant, il est indispensable que notre cursus s'adapte.

Il doit continuer à garantir et exprimer nos valeurs de rigueur, de détermination, de compétence, de qualité et d'expertise. Mais il doit également introduire de nouveaux axes permettant à la fois d'attirer des jeunes vers notre filière et de renforcer notre socle de connaissances : l'ouverture à l'entrepreneuriat et à l'international sont primordiales (apprentissage des langues, initiation aux business habits des autres pays, échanges universitaires...).

En Île-de-France, nous sommes aux premières loges pour discuter avec les universités et écoles de ces suggestions et profiter de leur expertise en la matière pour élaborer des suggestions constructives et efficientes. Ces mêmes écoles et universités sont également nos alliées en matière de formation diplômante qui sont au c½ur du dispositif de conquête du marché du conseil. Il nous faudra à chaque fois proposer aux cabinets d'expertise comptable les meilleurs cursus adaptés aux rythmes de vie professionnels.

Au-delà de cet effort d'innovation et de créativité, les missions développées grâce à ces spécialisations seront un atout concurrentiel des experts-comptables avec tous les attributs d'un professionnel réglementé.

Cet objectif de conquête de nouvelles missions, ne l'oublions pas, ne réussira à éviter le risque d'une profession low cost et/ou paupérisée, que si nous parvenons également à tirer vers le haut les compétences de nos équipes et ainsi créer de la valeur.

Bien sûr ces formations diplômantes, qui vont enrichir le portefeuille des compétences du cabinet, n'auront de sens qu'avec un titre Expert-comptable fort, réputé et reconnu.



Frédéric Rocci
Fondateur de Compta Online, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.
Je suis avant tout un entrepreneur. Je cotoie et j'observe la profession comptable depuis plus de 20 ans. Rédacteur à mes heures perdues, j'affectionne plus particulièrement les sujets qui traitent des nouvelles technologies et du digital.
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