Les outils informatiques dans les cabinets d'expertise comptable

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Le CROEC peut-il aider et accompagner les cabinets dans leur adaptation au numérique ?
Quels sont les risques liés à l'arrivée de nouveaux acteurs sur le marché ?

Des propositions concrètes pour accompagner les cabinets franciliens.

L'enjeu des prochaines années c'est notre capacité à déployer une culture numérique dans les cabinets et dans les services proposés. Cela va donc bien au-delà de la problématique d'outils informatiques liés à la production. A défaut, les cabinets risquent un décrochage sévère, indépendamment de leur excellence dans leur métier. Aussi, je souhaite mettre en place un Campus Numérique pour les experts-comptables franciliens afin qu'ils puissent s'informer, se former et se transformer ! Un véritable hub accessible quelle que soit la taille du cabinet ou son niveau d'expérience dans le numérique.

Le Big Data, l'ensemble des données que nous collectons sans les utiliser dans un CRM organisé et voué à identifier des besoins dans une démarche de conseil, et dont nous sommes pourtant les seuls détenteurs à un tel niveau, la modification de la relation client grâce aux applications mobiles et à la digitalisation, doivent nous permettre de fluidifier notre production et de gagner fortement en rentabilité !

L'autre enjeu pour la profession c'est de pouvoir maîtriser et protéger nos données, car nos marchés attendent de nous un haut degré de sécurité. Cela est d'autant plus vrai que la réinvention des entreprises et des cabinets passera par notre capacité à gérer des volumes de données de plus en plus importants avec des frontières de moins en moins perméables. A ce titre, il nous faut refonder le partenariat avec les éditeurs informatiques en alimentant conjointement un cahier des charges stratégiques garantissant le stockage et la circulation des informations. Je ne doute pas que le CRO de Paris Ile-de-France, en tant que laboratoire d'idées, contribuera activement aux chantiers technos du CSOEC.

L'informatique et les systèmes d'information sont au c½ur de notre pratique professionnelle quotidienne : ils conditionnent la qualité de nos prestations, leur adéquation aux besoins des clients, l'efficacité et la rentabilité de nos structures.

Si nous partageons tous ce constat, les actions concrètes d'adaptation tardent à être mises en ½uvre. Ainsi, des thématiques cruciales telles l'ergonomie et la productivité du poste de travail, les atouts et les risques de la mobilité demeurent en souffrance.

Les experts comptables sont trop seuls face à leurs fournisseurs et prestataires de solutions. L'Ordre doit aider de manière indépendante les cabinets dans leurs choix. Nous créerons une cellule de veille technologique, un accélérateur d'innovation mutualisé au service du plus grand nombre et sa crédibilité sera proportionnelle à son indépendance vis-à-vis des éditeurs de logiciel.

Une urgence réglementaire persiste, c'est l'adaptation des règles de secret professionnel à l'utilisation des solutions hébergées. C'est incroyable, mais notre réglementation est aujourd‘hui incompatible avec le Cloud !

La recherche et la stimulation des fournisseurs dans nos métiers doivent être orientées dans les domaines de la production comptable vers l'automatisation de l'enregistrement du flux fournisseurs. Aucune technologie aujourd'hui ne se singularise et il s'agit probablement du chaînon manquant pour une automatisation de bout en bout pour les experts-comptables.

Enfin, nous devons généraliser la formation et l'utilisation des outils qui préparent nos cabinets au big data, déjà présent dans nos logiciels de bureautique comme Power BI.

Résumer la question de l'ubérisation et de la robotisation de notre profession à la question des outils, c'est prendre le problème à l'envers !

La révolution numérique va bouleverser en profondeur notre profession et de nombreux collaborateurs de nos cabinets vont devoir s'adapter parfois avec difficultés. Deux risques sont identifiés : le risque d'automatisation, de robotisation et le risque de désintermédiation (l'ubérisation ou la bookinisation).

Si le premier risque a une très forte probabilité d'advenir, il semble peu probable, au contraire, qu'un intermédiaire puisse demain s'interposer dans la relation entre notre client et notre cabinet. Il ne faut donc pas se tromper de combat ! Attiser la peur du grand vilain éditeur américain qui accaparerait nos marges en sous-traitant demain aux experts-comptables les missions de révision tient plus du fantasme que de la réalité. Ce n'est ni ce qui se pratique outre-Atlantique, ni ce que nos clients souhaitent. Notre relation qui s'inscrit dans la durée et dans la confiance n'est pas « intermédiable » !

A l'inverse, il est fort probable, si ce n'est certain, que demain, la plupart des traitements comptables pourra être réalisée par un logiciel disposant d'une intelligence artificielle équivalente à celle de nos collaborateurs comptables, du moins en termes d'imputation d'écritures et de calculs de cut-off !

Mais la réponse n'est pas de disposer du bon outil pour y faire face ! Seule une réflexion en profondeur de notre modèle économique, de notre valeur ajoutée, de la raison profonde qui pousse nos clients à faire appel à nos services peut être la bonne solution. Notre métier n'est pas de produire des comptes mais d'accompagner les chefs d'entreprise à gérer leurs affaires et à les développer.

L'expert-comptable restera au c½ur du système d'information de ses clients : à lui d'en profiter pour vendre l'ensemble des services qu'il pourra être à même de lui proposer.

Concrètement, nous proposons d'étendre le dispositif Cap Performance par la création d'un Club numérique et performance, sur le même modèle de ce qui existe pour le club Fiscal et le club Social tout en proposant (voir réponse suivante) des formations certifiantes pour permettre à nos collaborateurs de s'adapter.



Frédéric Rocci
Fondateur de Compta Online, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.
Je suis avant tout un entrepreneur. Je cotoie et j'observe la profession comptable depuis plus de 20 ans. Rédacteur à mes heures perdues, j'affectionne plus particulièrement les sujets qui traitent des nouvelles technologies et du digital.
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