Les fake news : comment les fausses informations se développent dans notre société ?

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Alors que la campagne présidentielle française s'achève, la question des « fake news » est plus que jamais d'actualité. Ce phénomène - largement présent durant les élections politiques comme ce fut également le cas aux Etats-Unis pendant la campagne de Donald Trump - n'est pas nouveau puisqu'il s'agit simplement de la diffusion d'idées erronées mais se développe plus largement à notre époque, via notamment les réseaux sociaux.

Aujourd'hui, nous tenterons de comprendre le danger représenté par ces « fake news »”, leur réseau de diffusion, les outils de manipulation employés et enfin les maigres moyens pour les débusquer et les empêcher. Ces fausses informations peuvent être associées à d'autres stratégies de communication douteuses comme les rumeurs, les théories du complot ou même la diffamation. Elles sont également liées aux informations - pas forcément erronées - mais tout simplement sorties de leur contexte et donc dénaturées.

Pourquoi sont-elles dangereuses ?

« Les promesses n'engagent que ceux qui les croient » est une expression fameuse, employée par Charles Pasqua et Jacques Chirac, profondément révélatrice de notre société actuelle. Plus qu'une règle en politique, elle s'applique également aux médias et aux réseaux sociaux, là où le sensationnalisme semble être devenu monnaie courante. Aujourd'hui, il est plus facile de croire ce qui nous arrange, ce qui nous convient, plutôt que d'accepter la réalité - que nous ne connaissons pas toujours.

Dans ce cadre, les « fake news » se développent librement et le danger est évident et imminent : la diffusion de réalités fausses. Un exemple récent et encore brûlant est la phrase - pas tout à fait innocente - de Marine Le Pen lors du débat présidentiel de l'entre deux-tours face à Emmanuel Macron. Elle a annoncé qu'elle espérait qu'on ne découvrirait pas un compte offshore du candidat aux Bahamas. Cette « fake news », considérée comme diffamatoire de la part du principal intéressé, est un exemple concret du lancement possible de ce type de rumeurs. Elle peut naître comme une supposition avant de se propager de manière dramatique dans les médias et sur les réseaux sociaux. Un titre envisagé pourrait être « Emmanuel Macron : un compte aux Bahamas ? » dans notre exemple. La supposition reste présente mais, dans les esprits, l'idée est ancrée. La « fake news » est née. A terme, plus personne ne saura démêler le vrai du faux et là est le danger.

Comment les fake news se répandent-elles ?

Comme nous venons de le voir, les « fake news » naissent souvent d'une supposition, d'une parole en l'air à laquelle on ne croit pas vraiment. Et puis, au fur et à mesure, par le biais des réseaux sociaux et des médias, ces fausses informations tendent à se répandre comme une traînée de poudre et plus personne ne connaît finalement l'origine de la rumeur, ni sa véracité.

Pour qu'elle perdure, une « fake news » doit être répétitive. Par mimétisme, l'information erronée va alors se transmettre, si bien que même des journaux renommés peuvent tomber dans le piège et partager une nouvelle non avérée.

Récemment encore, The Sun - magazine anglais - annonçait la mort du prince Philip, se basant sur le simple fait que la famille royale venait d'affirmer le matin même qu'une annonce allait être faite (celle en réalité de la retraite du prince). Ayant recours aux émotions de ses lecteurs, The Sun a voulu jouer gros et ainsi se démarquer des autres journaux d'Angleterre en annonçant une nouvelle sensationnelle... mais fausse !

Il est donc primordial et absolument nécessaire de vérifier nos sources avant d'annoncer une nouvelle. Il en va de la responsabilité des journalistes et influenceurs.

Un autre exemple récent, américain à nouveau, concerne la vidéo publicitaire de Donald Trump pour vanter ses 100 premiers jours à la Maison Blanche. La société outre-Atlantique dépeinte dans ce clip semble bien loin de la réalité des faits, si bien que de nombreux médias, comme CNN, ont refusé de diffuser ce qu'ils considèrent comme étant une « fake news ». Une attitude à reproduire, même lorsqu'un simple doute nous envahit.

Quels sont les outils de manipulation des fake news ?

Les outils utilisés pour la diffusion de « fake news » et pour la manipulation des esprits sont nombreux. Il peut s'agir :

  • de faux sites Internet reprenant le design et les articles de médias réputés mais en détournant certaines idées ;
  • de cartes ou schémas erronés comme lors des violences urbaines de 2005 en France, présentant un pays à feu et à sang et plaçant Marseille... à Nice !
  • de pourcentages utilisés à tort pour expliquer un phénomène se reposant en réalité sur plusieurs éléments (l'exemple serait d'associer la hausse de l'immigration avec la montée de la délinquance pour l'expliquer) ;
  • d'un recours à une pseudo-science non démontrée et un mauvais usage de la rhétorique (« si la science le dit ») avec l'exemple du Docteur Henri Joyeux qui critiquait vivement la vaccination et qui depuis a été radié de l'Ordre des Médecins.

Comment les débusquer et les contrer ?

Vous avez un doute sur une information ? Nous vous invitons à multiplier et croiser les sources au maximum. Cela n'est pas toujours évident. Dans le cas du Docteur Joyeux, la campagne d'anti-vaccination qu'il a menée est délicate à gérer car les personnes ayant adhéré à son mouvement peuvent considérer que les pro-vaccins sont financés par les laboratoires pharmaceutiques et donc que leur avis n'est pas conciliable avec la santé de leur famille.

Le problème majeur des « fake news » est qu'elles sont parfois difficiles à contrer. Emmanuel Macron n'a pas de compte aux Bahamas ? Henri Joyeux a tort d'être anti-vaccins ? Prouvez-le !

Toutefois, malgré ces limites, il est important d'effectuer au maximum un « fact checking » (vérification des faits) car dans la plupart des cas, les mauvaises informations peuvent être contre-démontrées facilement.

Le concept de « fack checking » a été utilisé récemment, toujours lors du débat du second tour de la présidentielle française, car des médias - Libération par exemple - ont mis en place un moteur de recherche collaboratif pour vérifier l'authenticité des propos des candidats en direct. Une initiative très intéressante à reproduire !

De manière plus globale, certains moteurs de recherche et réseaux influents (Mozilla, Google, Facebook...) entrent en guerre contre ces « fake news » en mettant en place ou rachetant des outils luttant contre la désinformation, comme Pocket pour Mozilla.

Mais au final, pourquoi vous parler de ce concept un peu éloigné de la comptabilité, sur ce site dédié aux métiers du chiffre ? Car les professionnels de la comptabilité sont habitués et formés pour la sincérité et l'analyse. Les « fake news » sont présentes dans tous les domaines et il est important de savoir les éviter et les contrer... même en comptabilité !



Sarah Gillot est Chef de Projet Online Marketing pour Makerist - start-up à Berlin - afin de développer le marché français.