L'industrialisation de la paie transforme profondément les méthodes de gestion des salaires dans les cabinets d'expertise comptable. Tout en augmentant l'efficacité et la précision, cette évolution technologique pose de nouveaux défis en matière de compétences et de dépendance aux outils numériques.
Alors que le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a annoncé récemment son projet de simplifier les fiches de paie[1], il est important de rappeler que la France était toujours première dans le classement d'Alight pour la complexité de la paie en 2023[2].
Cet article examine comment les experts-comptables peuvent harmoniser l'usage de ces innovations avec la nécessité de maintenir une expertise humaine approfondie en raison de cette complexité.
Les opportunités et les défis de l'automatisation de la paie
La collecte automatisée des éléments variables de paie (EVP), tels que les absences, les primes, les heures supplémentaires et les remboursements de frais, simplifie considérablement la gestion de la paie pour les cabinets d'expertise comptable, alors qu'elle était autrefois manuelle et chronophage.
Ces outils permettent une collecte plus efficace via des canaux comme les emails ou les fichiers Excel, mais posent aussi des défis en termes d'accès, de traitement des données, de confidentialité, et de traçabilité.
L'outil partagé : vers une interaction renforcée entre cabinet et client
Pour répondre à ces défis, des plateformes comme « Portail RH » de fulll offrent une interface commune entre le cabinet, son client, et les employés impliqués.
Cette digitalisation du processus vise à simplifier, centraliser, et sécuriser les échanges, tout en impliquant davantage le client et ses salariés dans le processus de paie.
D'autres outils comme le partage de la gestion électronique des documents (GED) chez fulll, garantissent une traçabilité de l'information, et permettent au client de rester maître de la validation de ses bulletins de paie et de bénéficier de la remise de paie dématérialisée.
Modélisation conventionnelle et défi des conventions collectives
Les logiciels de paie actuels intègrent des modèles qui automatisent le calcul des salaires selon les conventions collectives. Toutefois, le paysage légal et conventionnel étant en constante évolution, il est crucial de maintenir ces systèmes à jour pour éviter l'application de règles obsolètes.
Les modélisateurs paie, spécialisés dans la transcription des règles juridiques en algorithmes, jouent un rôle essentiel dans ce processus, assurant que les bulletins de paie soient toujours conformes aux dernières réglementations.
Chez fulll, des équipes dédiées en interne effectuent une veille légale et conventionnelle afin que le logiciel prenne en compte la complexité des règles de paie liées aux différentes conventions collectives.
Risques de dépendance et perte de compétences : un dilemme pour les gestionnaires de paie
L'utilisation intensive de logiciels automatisés pose le risque de créer une dépendance chez les gestionnaires de paie, qui peuvent perdre la maîtrise des calculs manuels et des spécificités des différentes conventions collectives.
De plus, une compréhension superficielle des règles modélisées peut conduire à une perte de compétences critiques, limitant la capacité du gestionnaire à comprendre et à intervenir efficacement en cas de dérogations nécessaires ou de situations exceptionnelles.
Chez fulll, on encourage donc la transparence et la compréhension des calculs effectués, offrant des fonctionnalités qui permettent d'accéder en détail aux éléments pris en compte dans chaque ligne de paie.
L'automatisation de la paie offre de nombreux avantages en termes d'efficacité et de sécurité, mais elle nécessite également une vigilance constante quant à la formation et à l'adaptabilité des gestionnaires de paie.
Les cabinets d'expertise comptable doivent équilibrer l'usage des outils numériques avec le maintien et le développement des compétences manuelles et analytiques de leurs collaborateurs, afin de garantir un service de paie fiable et conforme aux attentes de leurs clients.
En somme, l'industrialisation de la paie ne doit pas se faire au détriment des compétences humaines, mais plutôt en complémentarité avec elles.