Interview de Gilles Samama (directeur ESCG) et Vincent Guida (CROEC PACA)

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Déjà présent depuis de nombreuses années sur Paris et Nice, l'ESCG s'implante à Marseille.
Gilles Samama, directeur et fondateur de l'ESCG, et Vincent Guida, président de la Commission attractivité du Conseil régional de l'Ordre des experts-comptables (CROEC) PACA, dressent un état des lieux du marché de l'emploi et de la formation dans cette région.

Quelles sont les spécificités de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur en matière de formation et d'emploi ?

Vincent Guida : Nous connaissons d'importantes difficultés de recrutement, et ce depuis plusieurs années. Selon moi, cette pénurie de candidatures s'explique par deux facteurs :

  • un manque d'attractivité de la profession comptable en général, qui souffre d'une image vieillissante mais pourtant totalement décorrélée de la réalité du métier ;
  • un désamour pour le travail en cabinet, d» aux conditions de ces dernières années, qui rendaient la vie du collaborateur parfois difficile. Il faut dire qu'avec un métier constamment sous échéance, des volumes d'heures élevés et des salaires qui n'étaient pas en adéquation, nous n'attirions pas.

Dans ces deux domaines, pourtant, les choses ont changé. La profession, dans son ensemble, bénéficie d'une meilleure image, notamment depuis la crise sanitaire. Par ailleurs, la spécialisation des compétences et l'automatisation grandissante ont permis d'améliorer les conditions de travail des collaborateurs.

 

Quelle est l'étendue de la pénurie des collaborateurs que vous décrivez ?

Gilles Samama : Les cabinets estiment en général le manque, a minima, à un poste à temps plein par cabinet. C'est bien au-dessus de tout ce que peuvent former les écoles de la région.

Vincent Guida : Effectivement, je pense même qu'on est au-dessus de ce chiffre là, peut-être vers les 4 000 postes non pourvus au niveau de la région. Je ne dispose pas de statistiques précises, mais ce que je peux vous dire, c'est que nous avons des témoignages permanents de cons«urs et confrères qui rencontrent des difficultés dans ce domaine. Même les cabinets les plus attractifs ont du mal à recruter, c'est dire l'ampleur du décalage entre l'offre et la demande. Pour le dire autrement, actuellement, même une candidature très moyenne, voire faible, trouvera un cabinet pour l'accepter. 

 

Comment lutter contre ces difficultés de recrutement ?

Vincent Guida : C'est une question de temps. Ces changements sont réels, mais il nous faut communiquer pour que la jeune génération en prenne conscience, rejoigne nos cursus de formations, et arrive sur le marché du travail. Cela prend quelques années. C'est mon rôle au sein du CROEC PACA. C'est notamment pour cela que nous sommes très présents sur les évènements lycéens et étudiants, et que nous nouons des partenariats avec des écoles, comme l'ESCG.

Gilles Samama : Je rejoins tout à fait Vincent sur le déficit d'attractivité de la profession en général et du métier en cabinet. Pourtant, selon moi, il y a aussi un déficit d'offres de formation, notamment en alternance. Ce type de cursus intéresse de plus en plus les jeunes, qui recherchent à la fois un diplôme et une expérience. Au niveau national, on est passé en quelques années de 300 000 apprentis environ à plus de 700 000 aujourd'hui, il nous faut donc suivre ce mouvement. A l'ESCG, 90% de nos étudiants viennent pour de l'alternance.

 

En quoi un cursus d'expertise comptable en alternance est-il favorable aux étudiants et aux cabinets ?

Gilles Samama : L'alternance est une excellente opportunité pour les cabinets de former de futurs collaborateurs en ayant la quasi certitude qu'ils resteront ensuite au sein de la structure : c'est le cas de 90% des étudiants issus de l'ESCG. Pour les candidats, c'est la garantie de sortir de l'école en cumulant connaissances théoriques et pratique du métier.

Nous sentons depuis quelques années un regain d'intérêt pour la profession, et je suis persuadé que si on continue à expliquer que le métier n'est plus rébarbatif, et que le secteur propose des formations en alternance, cela ne fera qu'accroître la demande des jeunes.

Vincent Guida : Avec l'alternance, les étudiants disposent en effet d'un savoir-faire en cohérence avec leur diplôme. Mais les cons«urs et confrères ont également tout à gagner, en accueillant au sein de leur cabinet de jeunes talents, pour les faire grandir et les intégrer progressivement. Cela permet de fidéliser les collaborateurs et d'éviter les « sauts de puces » d'un cabinet à l'autre, poussés par un marché de l'emploi favorable aux candidats, mais aussi par des cabinets de recrutement qui surfent sur cette vague.

L'alternance permet aussi aux jeunes issus de milieux modestes de pouvoir faire des études longues, avec un diplôme de haut niveau et une rémunération associée. C'est une des rares professions encore aujourd'hui où l'ascenseur social fonctionne aussi bien.

Gilles Samama : C'est un point très important. Nous nous adressons effectivement, dans toutes nos écoles, à un public très varié, avec de nombreux BAC pro ou STMG par exemple. On a donc un vrai rôle social à jouer : je ne compte plus les histoires de candidats issus de milieux très modestes, qui finissent chef de mission, voire expert-comptable. 

 

Pouvez-vous nous en dire davantage au sujet du partenariat CROEC PACA et ESCG Nice ?

Gilles Samama : Après avoir ouvert l'ESCG à Paris il y a un peu plus de trente ans, j'ai décidé d'ouvrir l'ESCG Nice en 2015.

L'ESCG NICE, en quelques années est devenue l'école de référence dans le cursus d'expertise comptable dans la région. Ce qui nous a conduit en 2021 à conclure un partenariat avec le Conseil Régional de l'Ordre des Experts Comptables de la région PACA. Ceci afin de valoriser la profession et permettre à nos étudiants un accès privilégié en alternance en cabinet d'expertise comptable. Nous avons par exemple réalisé une grande opération de promotion de la profession au stade de Nice il y a quelques mois. Opération qui a eu une belle couverture médiatique, et qui permet de faire rayonner à la fois nos formations et les cabinets.

D'autres évènements sont prévus dans les mois à venir, avec des conférences, des soirées portes ouvertes, et des job dating. Nous voulons donner la priorité aux cabinets d'expertise comptable pour accueillir nos alternants, et cela fonctionne, puisque 90% de nos étudiants travaillent aujourd'hui dans ce type de structures.

 

Que pouvez-vous nous dire sur l'ESCG Marseille ? 

Gilles Samama : Ayant fait le constat que l'offre de formation dans notre domaine reste insuffisante sur l'ensemble de la région PACA et particulièrement sur Marseille, nous nous implantons à Marseille. L'ESCG Marseille ouvre ses portes au 58 rue de la Joliette 13002 Marseille dans un immeuble indépendant, en centre-ville, dans des locaux modernes et entièrement rénovés.

 

www.escg.fr