Les experts-comptables détiennent la donnée : ok et maintenant ?

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« Bon ok, on a compris ! et maintenant on fait comment ? »

Experts-comptables et big-data : bon ok, après les trois premiers épisodes, on a compris ! Et maintenant on fait comment ?

La comparaison avec l'industrie pétrolière est certes un peu hardie mais on ne peut nier les similitudes.

Comparaison de l'industrie pétrolière et des données des experts-comptables



Industrie pétrolière

1- Exploration ;

2- Production / extraction ;

3- Transport / shipping ;

4- Raffinage ;

5- Stockage ;

6- Distribution.

Données des experts-comptables

1- Exploration : pas un problème. Néanmoins, un point essentiel, la « matière première » n'appartient-elle pas aux clients ? Ce point devra être étudié avec des spécialistes de ce « nouveau droit des données » afin de préciser la part que chacun détient en « copropriété ».

2- Production / extraction et 3- Transmission : nous maîtrisons. Il conviendra de veiller sur la « tentation » (?!) tant des « partenaires historiques » de la profession que des « nouveaux venus » dans le traitement matériel et comptable des informations : alliés ou concurrents ?

4- Raffinage : d'une part, comment traiter ces données brutes et d'autre part, que faire de cette masse de données, quels « produits » proposer sur le marché ?

5- Stockage : pas un problème !

6- Distribution et négoce : là nous abordons un autre monde ! A chacun son métier, il y a des professionnels combien même les « acheteurs » pourraient s'adresser directement au producteur, voire participer au « raffinage ».

« La famille comptable se doit d'être le moteur d'un tel projet sur la data et les experts-comptables les premiers investisseurs »

Créer de toutes pièces cette « nouvelle industrie » de la data des experts-comptables nécessite des moyens humains et technologiques particulièrement importants. En conséquence, un tel projet ne peut-être raisonnablement mené que dans le cadre d'une structure commerciale (sous l'égide du CSOEC ?) seule à même de réunir les capitaux nécessaires et recruter les profils adaptés.

Dès lors se posent ces premières questions :

  • Qui seront les initiateurs du projet ?
  • Qui participera au capital de cette structure et donc au financement du projet ?
  • Comment fédérer toute la profession ? Est-ce possible ?
  • Quid des « grands cabinets » ? Des réseaux ? Ne peuvent-ils pas se satisfaire du volume de leurs propres données ?
  • Comment « intéresser », et pas sur le seul plan financier, les clients ?
  • Quelle place pour les sociétés de « services numériques » partenaires de la profession ?

D'évidence : la « famille comptable » se doit d'être le moteur d'un tel projet et les experts-comptables les premiers investisseurs. Suggestion toute personnelle : les organismes de gestion agréés créés à l'initiative des experts-comptables qui disposent de moyens tant humains que matériels et financiers, d'un savoir faire certain dans le traitement de masse, ne devraient-ils pas impérativement réfléchir à leur avenir pour le jour où ...?

Et si les moyens de la « famille comptable » sont insuffisants, les levées de fonds réalisées par certaines startups montrent que tout est possible !

Une fois les réponses apportées à ces interrogations, qui peut imaginer que notre profession n'est pas à même de relever un tel défi ?

Le thème retenu pour le 74e congrès de l'Ordre des experts-comptables de septembre 2019 montre que la profession avance dans ce domaine. Par ailleurs, le 16 juillet, à l'initiative de Sanaa Moussaid, un groupe de travail composé de jeunes confrères particulièrement dynamiques a entamé la réflexion.

Pour la suite, mais il y a urgence, c'est à TOUTE LA PROFESSION UNIE de démontrer qu'elle aussi a l'ESPRIT STARTUP !!!


 

Serge Heripel est expert-comptable retraité et vice-président de l'organisme mixte de gestion agréé France Gestion.