« Les experts-comptables de demain » : retour sur la journée d'échanges du CEG

Article écrit par (209 articles)
Modifié le
2 159 lectures

Jeudi 7 juillet 2022, le CEG, cercle de prospective sur l'avenir de la profession comptable, organisait une journée d'échanges au Laho Business Center à Paris, afin que les experts-comptables prennent de la hauteur et réfléchissent collectivement aux enjeux et à l'avenir de leur profession.

Cette journée a été introduite par Jérôme Clarysse, président du CEG. Il a notamment présenté le nouveau projet CEG : « Projet Cockpit ». Il s'agit d'un intranet sécurisé qui permettra de collecter, tous les mois, des informations et des données anonymisées auprès de tous les membres du CEG (système de sondage). Cette introduction fut suivie par l'intervention de l'enseignant-chercheur en stratégie Frédéric Fréry (ESCP-Central Supélec), sur la financiarisation potentielle de la profession.

Cette journée d'échange s'est poursuivie avec l'intervention de Stéphane Raynaud, rédacteur en chef de La Profession Comptable, pour décrypter les tendances dans l'écosystème de la profession.

Enfin, une table ronde s'est tenue entre Aymar Monnoyeur, dirigeant de Businesscoot, Lionel Yavorsky, CEO New LOGUP et Stéphane Raynaud, pour répondre aux besoins de compréhension sectorielle des cabinets.

Cet article revient en particulier sur l'intervention de Stéphane Raynaud et son décryptage des tendances dans l'écosystème des experts-comptables.

L'occasion de faire un état des lieux de la profession après une période exceptionnelle en raison de la crise sanitaire.

Un constat s'impose : le métier connaît une forte évolution. Selon Stéphane Raynaud, cette évolution se matérialise par quatre grandes ruptures. Quelles sont-elles ? 

La rupture technologique

Les changements sont importants et entraînent des répercussions colossales pour la profession mais aussi pour ses partenaires. Selon Stéphane Raynaud, une nouvelle normalité se met en place et les membres de la profession doivent apprendre les mots clés.

Le premier changement majeur interviendra le 1er juillet 2024 avec l'arrivée de la facturation électronique qui entraînera la circulation des flux technologiques et impactera l'organisation et la stratégie des cabinets. Du fait qu'il y aura prochainement une plateforme de facture électronique entre l'expert-comptable et ses clients, cela va nécessairement changer le rapport avec les clients. Les offres de services du cabinet vont également évoluer.

Un deuxième changement important devrait intervenir avec la commande électronique « Order-X ». 

Pour Stéphane Raynaud, ces changements vont entraîner une modification des pratiques comptables. La comptabilité était tenue annuellement, puis tous les semestres, ensuite tous les mois. Dans quelques années, l'objectif sera d'avoir une comptabilité en temps réel.

La rupture de l'offre client

L'arrivée de la facturation électronique va fragmenter les offres. Pour Stéphane Raynaud, les membres de la profession doivent commencer à réfléchir à de nouvelles offres dès maintenant pour être fin prêts en 2024. De manière générale, les experts-comptables doivent profiter de la rupture technologique pour proposer de nouvelles offres de services à leurs clients.

Il peut être intéressant d'observer par exemple comment certains experts-comptables d'autres pays européens ont su mettre à profit l'arrivée de la facturation électronique pour diversifier leurs offres de services et augmenter leur chiffre d'affaires. Stéphane Raynaud cite l'exemple de l'une de ses connaissances, expert-comptable italien, qui a pu augmenter ainsi son chiffre d'affaires de 30%, en vendant de la formation, du logiciel et de l'accompagnement au process.

Certains cabinets anglo-saxons ont mis en place, grâce à la facture électronique, un full service accounting. Concrètement, le cabinet gère tout le backoffice du client. Le chef d'entreprise peut se consacrer uniquement à son c½ur de métier : développer son business.

La Profession Comptable a identifié quatre attentes principales des clients :

  • ils souhaitent des réponses expertes (la profession répond dans l'ensemble déjà favorablement à cette attente) ;
  • ils souhaitent des réponses rapides : 39% des clients interrogés dans le cadre de cette enquête attendent de leur expert-comptable une réponse dans un délai de 4h à 24h. Cela devrait amener les cabinets à adopter la pratique du « ticketing », afin de gérer les priorités.
  • ils souhaitent plus de services annexes ;
  • ils souhaitent des cabinets plus tournés vers la RSE.

La rupture des ressources humaines

La profession comptable rencontre actuellement des difficultés en matière de recrutement et d'attractivité. Selon La Profession Comptable, 8 à 12% des postes en cabinet ne sont pas pourvus. Les cabinets doivent faire des efforts en matière de rémunération et autres avantages pour attirer et conserver les talents. Pour Stéphane Raynaud, le cabinet doit être « créateur de valeur mais aussi créateur de bonheur ».

Il apparaît également nécessaire de redonner du sens au métier de collaborateur avec la spécialisation. Trois nouvelles spécialités sont déjà identifiées :

  • data contrôleur ;
  • spécialiste mission ;
  • coach client.

La rupture financière

Actuellement, on observe une concentration des cabinets. Il reste encore beaucoup de petits cabinets mais la tendance actuelle au sein de la profession conduit ces petites structures à trouver des fonds supplémentaires pour développer leur activité. Ils ont alors deux possibilités, s'associer ou se spécialiser (car la spécialisation nécessite un besoin en nouveaux fonds moins important).

En conclusion, les experts-comptables sont invités à « prendre soin de leur business et de leurs clients ».



Maxime Navarrete
Responsable de l'actualité professionnelle de Compta Online, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.
Après 8 ans en tant qu'éditeur juridique puis rédacteur en chef de Lexis 360 experts-comptables chez LexisNexis, je rejoins l'équipe Compta Online en octobre 2021.
Suivez moi sur Twitter et sur Linkedin.