Le métier d'auditeur à la Cour des comptes

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Le métier d'expert en certification à la Cour des comptes : une expérience professionnelle unique et valorisante dans le secteur public, sur des problématiques complexes dont les enjeux financiers sont souvent significatifs.

Il permet à des auditeurs, diplômés ou non d'expertise comptable, de participer aux missions de certification des comptes de l'État (Première chambre de la Cour) ou encore de ceux du régime général de Sécurité sociale (Sixième chambre de la Cour).

Témoignage d'Alexis Delmas qui a intégré la 6ème chambre de la Cour des comptes après un peu moins d'une quinzaine d'années d'expérience en cabinet d'audit (pratique de l'audit dans plusieurs secteurs d'activité, des référentiels comptables français et internationaux, d'opérations d'acquisition et de refinancement sur le marché obligataire...).

Une entrée à la Cour des comptes pour participer à des missions riches et variées

La Cour des comptes fait régulièrement appel à des auditeurs, majoritairement originaires de cabinets d'audit et conseil. Ces auditeurs, au statut de contractuel, sont embauchés en contrat à durée déterminée pour trois ans, renouvelable une fois pour deux années supplémentaires.

Les travaux qu'ils réalisent dans le cadre de la certification des comptes du régime général de Sécurité sociale occupent « environ 80% de leur temps » (examen du contrôle interne et des comptes des organismes de base, des caisses nationales, etc).

« Les autres missions qui leurs sont confiées leur permettent de travailler sur des sujets très différents :

  • la réalisation d'études et d'enquêtes nationales ;
  • le contrôle des comptes et de la gestion d'organismes très divers dans la sphère sociale, caisses, cliniques, ordres professionnels (médecins, chirurgiens-dentistes, par exemple) ;
  • l'expérimentation de la certification des comptes des collectivités territoriales, autant d'exemples concrets ».

Au terme de leur contrat, les auditeurs postulent à des offres d'emploi au sein du secteur public (organismes nationaux, ministère de la Santé) ou dans le secteur privé (cabinet, entreprise).

Pourquoi et comment devenir auditeur à la Cour des comptes ?

Le résultat des travaux des auditeurs, experts en certification à la Cour des comptes, contribue à améliorer la fiabilité des comptes publics de ces entités et, indirectement, la qualité du service rendu aux cotisants et assurés. Les recommandations émises font l'objet d'un suivi d'une campagne à l'autre.

« Avec la volonté de réduire ce qui est compliqué à la simplicité », le rapport public de certification, très détaillé comparé à celui d'un commissaire aux comptes, doit être compréhensible par le « passant de la rue Cambon ».

Au premier rang de la mise en place de mesures nouvelles et de la conduite de projets de portée nationale, cette expérience unique constitue une réelle opportunité pour l'auditeur qui souhaite donner un nouveau tournant à sa carrière professionnelle.

Les postes à pourvoir peuvent être consultés sur le site de la Cour des comptes. Le recrutement se fait en fonction du profil du candidat et des besoins de la sixième chambre, dans laquelle travaille l'équipe chargée de la certification des comptes du régime général. Cinq ou six ans d'expérience professionnelle en audit constituent un solide atout pour les candidats.

Lorsqu'un profil est retenu, le candidat est invité à rencontrer un magistrat, un responsable des ressources humaines et un expert (l'entretien est précédé d'un test). Puis un second entretien conduit avec succès ouvre la voie à un recrutement.

Des audits de processus complexes qui pèsent plusieurs milliards

Le métier est le même que celui pratiqué en cabinet d'audit. Il se distingue toutefois « par les masses financières et la complexité des processus audités, dans un environnement législatif et réglementaire en constante évolution », précise Alexis Delmas. Chaque processus pèse plusieurs milliards, voire plusieurs centaines s'agissant de la répartition des produits de la branche recouvrement. Les experts appliquent le référentiel des normes ISA et non les NEP.

Le résultat de leurs travaux, réalisés dans le cadre de la certification des comptes ou d'autres missions, « contribue à la production de rapports à laquelle ils sont associés », précise Alexis Delmas.

Ces rapports ou contributions qui les alimentent « sont produits en fonction de dates d'échéances précises qui doivent être respectées par tous ». Parmi les publications de la Cour préparées par la sixième chambre figurent en bonne place le rapport de certification des comptes du régime général de Sécurité sociale et le rapport annuel sur l'application des lois de financement de la Sécurité sociale (RALFSS).

Pour exercer le métier d'expert à la Cour, il convient « de disposer d'une certaine capacité d'analyse (face aux nombreux sujets complexes à examiner). Le niveau d'exigence est élevé. La compréhension des sujets doit être parfaite afin que l'expression écrite ne souffre d'aucune ambiguïté ».

L'examen des processus « au moyen d'outils et de règles », équivalents à ceux utilisés en cabinet d'audit, s'échelonne sur une longue période (plusieurs semaines). Chaque segment doit être examiné avec attention car les irrégularités ou encore les dysfonctionnements de toute nature peuvent devenir très significatif au plan national.

L'une des particularités du secteur public vient des missions différentes confiées à l'ordonnateur et à l'agent comptable (nouvellement nommé directeur comptable et financier). Les organismes locaux et nationaux appliquent le plan comptable unique des organismes de Sécurité sociale (PCUOSS), proche du PCG sur lequel il s'appuie.



Sandra Schmidt
Rédactrice sur Compta Online de 2014 à 2022, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.