Les grands enjeux à venir pour les cabinets : le point de vue du CNOEC

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En décembre dernier, Dext a eu l'honneur de recevoir dans son émission « Tendances comptables 2024 », la présidente de l'Ordre, Cécile de Saint Michel, ainsi que son vice-président en charge des Études Numériques, Boris Sauvage, afin d'échanger sur les profonds changements que traverse la profession comptable.

Cet article revient sur les prises de position de l'Ordre concernant les trois principales tendances identifiées pour 2024 : la facture électronique, la montée en puissance de l'intelligence artificielle et l'humain au sein du cabinet.

Dans le cadre de l'émission « Tendances comptables 2024 » Pascal Lienard, directeur commercial et marketing de fulll et Florent Dujardin, directeur de Dext France, ont pu également faire part de leurs analyses sur ces différents sujets.

Revivez en intégralité cette émission.

Malgré le report de l'entrée en vigueur de la facture électronique, la profession reste mobilisée

Cécile de Saint Michel précise que ce report n'a pas été voulu par la profession et que les formations déjà mises en place par l'Ordre vont continuer, car les professionnels de l'expertise comptable doivent rester mobilisés. Elle rappelle également qu'ECMA, l'outil de la profession, développe toujours sa propre PDP (plateforme de dématérialisation partenaire).

D'ailleurs, selon la présidente, ce report ne concerne en fait que le volet fiscal de la facture électronique. Elle réaffirme le rôle essentiel des experts-comptables, conseillers privilégiés des chefs d'entreprise, dans cette transition.

« La facture électronique sera mise en place dans les TPE par l'expert-comptable, comme cela fut le cas pour la télédéclaration et le télépaiement fiscal [...].

Le fait qu'une majorité d'entreprises n'aient pas encore vraiment saisi de quoi il s'agit n'est pas anormal en raison du report.

Toute la complexité sera absorbée par les experts-comptables [...]. C'est surtout nous qui devons être prêts. Il faut que les cabinets se saisissent de la facture électronique et se forment le plus rapidement possible », Cécile de Saint Michel.

La présidente de l'Ordre rappelle qu'il est important que l'expert-comptable soit en mesure d'expliquer dès maintenant à ses clients les avantages que la facture électronique leur procurera dans le cadre de la gestion de leur entreprise, notamment en matière de réduction des délais de règlement.

Boris Sauvage revient sur les actions que les cabinets peuvent mettre en place dès 2024, en particulier pour les factures de vente. 

Les cabinets doivent identifier dans un premier temps les clients qui n'ont pas encore de logiciel de facturation et leur conseiller un logiciel adapté, voire même leur proposer une mission de facturation.

Dans un second temps, les clients devront aussi être accompagnés dans l'obligation de mise à jour des statuts des factures (respect d'un délai de 10 jours), en identifiant dès maintenant ceux qui seront en mesure de remplir cette obligation, mais aussi de réfléchir aux moyens que le cabinet devra mettre en place pour accompagner les autres.

Pour rappel, Dext a fait le choix d'être OD (opérateur de dématérialisation) relié en API avec le PPF (portail public de facturation).

Il fera partie de la phase pilote de la DGFiP, dossier mention excellente. Il pourra donc tester sa solution en conditions réelles avant même le début de la réforme.

 

L'Ordre souhaite faire de l'IA un outil au service de l'écosystème de la profession

Pour utiliser une intelligence artificielle, il faut collecter en amont de la data.

À ce sujet, un chantier majeur est en cours, la création du data lake[1] de la profession. Les données anonymisées des entreprises clientes des cabinets sont ainsi stockées.

L'un des objectifs est de permettre ensuite aux cabinets de faire du benchmark, afin de fournir aux clients des conseils optimums [2].

Ce data lake servira aussi à préparer la profession à l'IA, et inversement. La collecte de données spécifiques à l'activité des cabinets et de leurs clients permettra d'entraîner des modèles d'IA sur des problématiques propres à la comptabilité.

« Avec ECMA, l'outil de la profession, on souhaite que l'IA devienne un outil au service de l'écosystème de la profession, les cabinets mais aussi les éditeurs [...] Celui qui ne contribue pas ne pourra pas en bénéficier », Boris Sauvage.

Enfin, en matière d'accompagnement des clients, les outils IA pourraient aussi servir à détecter bien en amont des risques de défaillances d'entreprises. Cécile de Saint Michel fait un parallèle avec l'utilisation faite par les médecins de l'IA pour détecter précocement certaines maladies.

Concernant les nombreux cabinets qui testent déjà en interne des outils IA comme ChatGPT, Boris Sauvage rappelle l'importance, au regard de la réglementation RGPD et du secret professionnel, de l'anonymisation des données avant envoi.

La profession a un besoin croissant de collaborateurs mais attire toujours

La présidente de l'Ordre constate que la profession ne souffre pas d'un manque d'attractivité mais qu'elle a un besoin croissant de collaborateurs, notamment sur des tâches qui ne sont pas encore totalement automatisées.

« En 5 ou 6 ans, la profession est passée de 140 000 à 170 000 collaborateurs », Cécile de Saint Michel.

La profession attirera encore des talents grâce aux nouvelles technologies déjà évoquées, mais aussi avec de nouvelles missions comme la durabilité.

« La période actuelle n'est pas évidente car elle est charnière entre l'ancien et le nouveau monde », Cécile de Saint Michel.

La profession va continuer de développer des parcours de formation dédiés aux collaborateurs sur différentes thématiques comme le full service, la présentation des tableaux de bord aux clients, le RSE mais également la cybersécurité.

Pour la présidente de l'Ordre, il est également nécessaire que les cabinets repensent le management des équipes et conduisent le changement.

Retrouvez l'intégralité des échanges en visionnant l'émission  « Tendances comptables 2024 » dans son intégralité.

[1] Un data lake (ou lac de données) est une solution de stockage conçue pour accueillir un volume considérable de données brutes, conservées dans leur format d'origine sans limite de durée.

[2] Le benchmarking consiste à analyser et comparer des produits, processus et services avec ceux de concurrents ou partenaires. En utilisant des indicateurs clés, cette méthode vise à identifier les meilleures stratégies pour obtenir un avantage sur le marché. Le but est de repérer les bonnes pratiques du domaine pour définir des actions et des améliorations efficaces.


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