L'expert-comptable au cœur des flux... et de la monétisation des données ?

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L'expert-comptable doit valoriser et monétiser ses datas

Après la prospection, la production, le raffinage il va falloir distribuer et donc préalablement valoriser et ensuite monétiser.

Les informations consultables en ligne montrent que :

  • la question de la valorisation des données porte essentiellement sur les données personnelles ;
  • une majorité d'avis confirme que ces données personnelles « à l'unité » ne valent quasiment rien ;
  • de surcroit pour les spécialistes du « big data » les données nues ont peu de valeur, il faut les traiter et les analyser pour qu'elles prennent de la valeur. Pour les rendre pertinentes il faut les recouper, les croiser.

Ce que confirme Olivier Lallement Senior Manager Consulting Digital chez Deloitte : « il faut manipuler la donnée pour qu'elle ait de la valeur ».

Est-il raisonnable de penser que le « pétrole des experts-comptables » (et de leurs clients) ne sera pas « découvert et exploité » par d'autres ?

Pour les données personnelles, beaucoup de chiffres circulent et il est intéressant de les avoir en tête pour imaginer ce que pourraient être les valeurs des données professionnelles. Dans une étude reprise par IT SOCIAL (étude Trend Micro pour l'Institut Ponemon) on relève :

  • informations bancaires 33,03¤ ;
  • historique d'achats 18,90¤ ;
  • géolocalisation 14,77¤ ;
  • adresse postale 4,59¤ ;
  • photos et vidéos 4,31¤.

Pour qu'il y ait une valeur il faut un marché. Qui dans notre profession connaît ce marché ?

Vous le saviez peut-être, ces marchés sont détenus par des « data brokers ». Le rôle de ces hommes de réseaux ? Acheter la matière première à des tiers comme Google, Facebook etc, et la revendre à des compagnies d'assurance et d'une manière générale à n'importe quelle entreprise commerciale prête à payer l'information qui lui permettra d'adapter son offre commerciale et de mieux cibler sa clientèle.

Est-il raisonnable de penser que le « pétrole des experts-comptables » (et de leurs clients) ne sera pas « découvert et exploité » par d'autres ? Les « grands cabinets » ne s'équipent-ils pas d'outils de pointe en matière d'intelligence artificielle ? Anecdotique peut-être mais notre profession ne s'est jamais interrogée sur le fait que l'un des leurs fournissait des sondages pour la presse nationale et s'était même diversifiée dans les prestations de surveillance ? (simple constatation... aucune critique !)

La profession semble en avoir pris conscience en retenant comme thème du prochain Congrès « L'expert-comptable au c½ur des flux » (l'expert-comptable devient intégrateur de flux, ces informations qui proviennent de multiples canaux : outil de facturation, gestion des stocks, gestion des collaborateurs mais aussi réseaux sociaux, site web de l'entreprise*). Mais ne faut-il pas aller plus loin au risque de voir nos « ressources pillées » ?

Une étude réalisée au Royaume-Uni indiquait que la monétisation des données pourrait injecter 21 milliards d'euros dans l'économie britannique ! Les experts-comptables et leurs clients ne doivent pas passer à coté de cet « or noir » !


 

Serge Heripel est expert-comptable retraité et vice-président de l'organisme mixte de gestion agréé France Gestion.

* Voir dans SIC 383  l'entretien avec Sanaa MoussaÏd, Dominique Perier et Fabrice Heuvrard