Création ex-nihilo : quand l'expert-comptable se démarque

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L'expert-comptable qui crée son cabinet à partir de rien ou presque peut-il se démarquer de ses confrères ? C'est ce que nous prouve le témoignage de Maxime Soulignac, expert-comptable installé depuis maintenant deux ans en Normandie.

Son récit démontre à la fois sa fibre entrepreneuriale et sa volonté de créer de la valeur ajoutée pour ses clients.

Co-créateur de la première société pluri-professionnelle d'exercice (SPE) entre expert-comptable et avocat de sa région, la Normandie, il crée peu à peu une offre de mission qui diffère sensiblement de celle d'un autre expert-comptable.



La genèse d'un cabinet d'expertise comptable avec un petit rachat de clientèle

Sa création de cabinet est devenue effective en juin 2017 après dix ans d'expérience professionnelle en cabinet et une tentative de reprise de clientèle qui a échoué.

Qu'à cela ne tienne ! Maxime Soulignac a simplement racheté la petite partie de la clientèle qu'il avait lui-même apporté à son ancien cabinet. Il décidera alors de s'installer seul, à son compte, dans un espace de coworking, du moins au début.

Sa première collaboratrice arrivera au bout de six mois, la seconde est prévue pour septembre 2019.

Entre les deux, le partenariat avec une avocate qui exerce exclusivement en droit social, Vanessa Fontaine permettra la création d'une SPE à partir d'un constat commun « les clients qui veulent des livrables peuvent, de plus en plus souvent, faire appel à des start ups, fintech ou legaltech ». « Les rôles de l'expert-comptable et de l'avocat sont ailleurs ».

La mise en commun des ressources et des compétences au sein de la SPE

Avocats et experts-comptables qui travaillent ensemble ou sur des dossiers communs, ce n'est pas une nouveauté, même pour Maxime et Vanessa. Ils l'ont fait pendant plusieurs mois avant d'envisager la création de la SPE.

Ce qui est nouveau pour eux, c'est le partage des tâches dans une structure commune qui est la société pluri-professionnelle d'exercice, une des premières en France dans ces deux professions.

La jeunesse de ce type de structure posera quelques problèmes d'ordre pratique. Parmi eux se trouvent la rédaction des statuts de la société, le passage en commission (tous les mois pour le barreau, tous les trimestres pour le CROEC).

Vient ensuite la construction de l'offre de services de la nouvelle structure, une offre qui sera forcément différenciante. Car ce qui change pour le client du cabinet, c'est d'abord le « niveau de qualité plus élevé » et « davantage de proactivité sur la partie sociale, gérée par l'avocat ».

Le client a ainsi toujours « le professionnel le plus compétent pour répondre à son besoin » et le partage entre les deux professionnels « se fait en fonction de la nature de la mission » précise encore Maxime Soulignac.

Ici, l'expert-comptable et l'avocat ont « le même degré de connaissance de leur client commun » pour pouvoir « échanger et mieux l'accompagner ensemble ». C'est aussi une manière de « sécuriser les travaux sur la partie sociale ».

Ainsi, dès lors qu'il s'agit d'un client commun, « l'avocat qui s'occupe par exemple d'une procédure de licenciement économique peut aussi en parler à l'expert-comptable, sans rétention d'informations, afin qu'il propose des solutions complémentaires » témoigne encore Maxime Soulignac. L'inverse est généralement vrai également.

Un projet de cabinet bien accueilli par clients et prospects

Les quelques clients et prospects qui ont été reçus en entretien, commun ou séparément, par l'expert-comptable et l'avocat depuis la création de la SPE, accueillent plutôt favorablement cette initiative.

Ces entretiens permettent de montrer que les coassociés sont avant tout des chefs d'entreprise qui « se préoccupent de l'avenir de leurs clients » mais aussi de « celui de leurs professions respectives » sans attendre les changements à venir.

Pour Maxime Soulignac, le véritable travail de l'expert-comptable n'est pas le formulaire CERFA. Il « consiste à décortiquer la matière première qu'est la comptabilité pour délivrer des informations qui font sens auprès des dirigeants ». Cet aspect-là ne sera pas pris par la machine. Sa seule certitude pour l'avenir est le fait que même à long terme, il « sera toujours expert mais comptable ce n'est pas si sûr ».

Tous deux ½uvrent pour l'acquisition de nouvelles compétences telles que le coaching, les relations interpersonnelles, le savoir être. Leur objectif : obtenir un avantage concurrentiel et inscrire leur cabinet dans le futur.

A lire l'article de Maxime sur Linkedin : 2 ans d'une belle aventure entrepreneuriale



Sandra Schmidt
Rédactrice sur Compta Online de 2014 à 2022, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.