Le chatbot de la profession arrive : quelques précisions de Boris Sauvage

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La comptabilité, comme d'autres secteurs d'activités, souhaite aussi tirer profit des avancées proposées par les outils d'intelligence artificielle. Boris Sauvage, vice-président du CNOEC en charge des études numériques, revient en détail sur le développement par l'Ordre d'un chatbot[1], conçu par et pour les experts-comptables.

Pour quelles utilités ? Comment sera-t-il enrichi et quand sera-t-il disponible ? Retrouvez toutes ces précisions et plus encore dans cet article.

Pourquoi créer ce chatbot de la profession ?

Nous sommes partis du constat que les outils IA comme ChatGPT permettent d'avoir des résultats intéressants sur la production de contenu et notamment sur la création de résumé.

En revanche, nous avons aussi constaté que les professionnels peuvent vite être frustrés par certaines limites lorsqu'on amène l'outil sur les spécificités de notre profession. Les outils actuels sont trop généralistes.

Nous avons donc pensé qu'il serait plus profitable d'entraîner l'outil et de l'enrichir avec nos informations. En connaissant mieux nos activités et leurs particularités, les réponses ne peuvent être que plus adaptées.

Avec quels contenus sera-t-il entraîné ou enrichi ?

Nous avons beaucoup de contenus disponibles sur le site privé du Conseil national de l'Ordre, à la fois régaliens et techniques. Nous avons par exemple Cap durabilité ou E-Fac expert concernant la facture électronique.

L'outil LLM[2] de ChatGPT se prête bien à la restitution d'informations déjà digérées par des algorithmes. Quand nous avons su qu'il était possible d'avoir des instances privées sur ChatGPT et qu'on pouvait travailler exclusivement sur nos données sans qu'elles soient diffusées à des personnes extérieures à la profession, nous avons creusé pour créer notre propre ChatGPT.

Comment les cabinets pourront-ils s'en servir ?

Il répondra aux experts-comptables et aux collaborateurs uniquement sur notre contenu et à notre manière. Actuellement dans les cabinets, les profils sont plutôt experts. Ils aiment bien aller creuser l'information.

Notre outil restituera donc également les sources en complément.

Si par exemple l'expert-comptable demande à l'outil de rédiger un mail pour expliquer aux clients que le cabinet propose des missions en durabilité, il pourra également citer les différentes sources qui lui ont permis de le rédiger afin de pouvoir vérifier l'information, pour des questions déontologiques, mais aussi pour aller plus loin en consultant une référence citée.

Nous avons voulu vraiment utiliser la pleine puissance de LLM et la mettre au profit des experts-comptables sur tout le contenu produit par le Conseil national.

Il est important de préciser que tous ces contenus présents sur le site privé de l'Ordre, dont Infodoc, sont mis à jour en continu.

Les experts-comptables auront accès à l'outil via leur comptexpert et ils pourront créer une délégation de droit aux autres membres du cabinet.

Quand une première version de l'outil sera-t-elle disponible ?

Nous ferons bien sûr d'abord des tests en interne, mais nous avons décidé de construire cet outil avec la participation d'un maximum d'experts-comptables et de collaborateurs. Une version beta grandeur réelle devrait être disponible au mois de juin.

On souhaite qu'une version définitive soit disponible lors du prochain Congrès à Marseille.

Certains partenaires privés comme Pennylane souhaitent également proposer leur chatbot dédié à la profession comptable. Qu'en pensez-vous ?

Ces initiatives sont bénéfiques pour la profession. Sur les sujets plus techniques et plus métiers, il est nécessaire d'affiner. Plus les initiatives en ce sens sont nombreuses et plus on aura une technologie mature et plus facilement exploitable par les experts-comptables.

La cybersécurité est devenue un enjeu majeur. Cet outil représente-t-il un risque ?

Pour créer ce LLM, nous aurons un espace privé auquel OpenAI n'aura pas accès. Il s'agit de données techniques donc il ne sera pas nécessaire de les anonymiser. Les seules informations qui seront transmises à l'outil seront celles que l'Ordre leur communiquera. On gardera la main sur tout et on évoluera en vase clos.

Nous ne souhaitons pas que les cabinets communiquent les documents de leurs clients à l'outil pour les synthétiser ou pour générer un FEC par exemple. Ils ne pourront pas le faire.

Dans un second temps, l'Ordre souhaite également développer un LLM entraîné sur la donnée comptable. C'est un second projet qui demande un peu plus de temps, mais c'est actuellement à l'étude.

[1] Un chatbot, ou robot conversationnel, est un logiciel conçu pour simuler des conversations avec les utilisateurs, capable de répondre aussi bien à des textes qu'à des dialogues oraux. Ils varient en complexité, allant de simples réponses préprogrammées à des interactions avancées basées sur l'apprentissage automatique, s'adaptant et se personnalisant avec le temps grâce à la collecte de données.

[2] Selon ChatGPT, un LLM (Large Language Model) est un type d'intelligence artificielle conçu pour comprendre et générer du langage naturel, apprenant à partir d'énormes quantités de texte.



Maxime Navarrete
Responsable de l'actualité professionnelle de Compta Online, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.
Après 8 ans en tant qu'éditeur juridique puis rédacteur en chef de Lexis 360 experts-comptables chez LexisNexis, je rejoins l'équipe Compta Online en octobre 2021.
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