Big Data : les données inépuisables des experts-comptables

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Les données comptables en comparaison de l'industrie pétrolière

Deux articles semblaient contester cette séduisante formule : « Les datas sont le pétrole du XXIème siècle ».

Le premier, signé Olivier Babeau (Président de l'Institut Sapiens et sera l'un des invités de la réunion annuelle de France Gestion le 18 novembre prochain), où je lis « la comparaison est frappante, mais elle est erronée », je m'empresse d'aller plus loin, et là grand soulagement : « A l'inverse du pétrole, la data n'est pas une ressource non renouvelable. Au contraire, elle ne s'épuise pas et croit même à une vitesse extraordinaire : plus de 90% des données disponibles auraient été produites dans les deux dernières années ».

Le second sur le site Atlantico, pour ma démonstration commence également bien mal : « Pourquoi la monétisation des données personnelles ne sera jamais le nouvel or noir » (Nicolas Mazzucchi). Mais plus loin, à la question : « Les données ne valent donc rien ? ». Réponse : « Non bien entendu, elles sont le socle d'une économie florissante, mais là encore tout dépend ce que l'on entend par données ».

Ces deux observations nous permettent donc de poursuivre notre comparaison avec l'industrie pétrolière.

Recherche, exploitation, et production : nous connaissons ces réserves inépuisables. Elles sont dans les FEC, les DSN et dans les dossiers permanents et annuels des experts-comptables. Mais il va falloir les extraire, orienter les flux de ces données brutes vers de gigantesques réservoirs, les trier en fonction de leur qualité.

Raffinage : il va falloir créer ces « raffineries » permettant l'équivalent de ces opérations propres à l'industrie pétrolière « séparation, conversion et amélioration » à appliquer aux données comptables.

Les dossiers des experts-comptables sont des gisements inépuisables

Revenons à ces données comptables, notre « or noir » ! Nos dossiers sont effectivement des gisements inépuisables continuellement mis à jour, enrichis.

Ainsi, pour imager le propos, cette liste loin d'être exhaustive :

  • la fiche d'identité de l'entreprise (statuts, Kbis, carte d'identité du dirigeant, bail commercial...) ;
  • les contrats d'assurances IARD ;
  • les contrats de prévoyance du dirigeant et du personnel ;
  • les contrats de prêts ;
  • le fichier des immobilisations avec les factures correspondantes ;
  • les systèmes d'information (équipements informatiques...) ;
  • les factures d'achat, de frais généraux.

Quand au seul fichier d'écritures comptables, il dit tout... Le fisc lui même sait détecter les notes de restaurant le jour de la Saint Valentin !!!

Nombre de créateurs de start-up sauraient tirer le meilleur parti de ces trésors. N'est-ce pas à la profession de s'en charger ? Quelques brefs exemples de « données »  issues du « raffinage » :

  • crédits : les taux, les durées, quelles banques ;
  • les investissements : la nature par activité, la fréquence du remplacement, les principaux fournisseurs ;
  • les assurances IARD ou assurances de personnes : taux, garanties...

Toutes les recherches, les analyses les statistiques seront possibles en fonction des besoins des « clients »...

De surcroît, notre statut de tiers de confiance devrait nous permettre de prétendre à la certification de tous les documents officiels qui seraient ainsi stockés.

Reste la distribution : et donc la valorisation et la monétisation des données.


 

Serge Heripel est expert-comptable retraité et vice-président de l'organisme mixte de gestion agréé France Gestion.