Facturation électronique : êtes-vous vraiment obligé de choisir une PDP ?

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Nous sommes dans la nuit du 1er au 2 juillet 2024. Soudain, vous vous réveillez en sursaut : « Comment est-ce que j'ai pu oublier ! Je n'ai pas choisi ma PDP ! ». Pourtant, vous aviez tout fait comme il fallait : assisté aux webinaires de l'Ordre, discuté avec les éditeurs de logiciels des évolutions de leurs produits, évalué les opportunités pour le cabinet, formé vos équipes, informé vos clients, fait le tour des stands lors du Congrès 2023... et même nommé votre référent digital, ! Pourtant, en ce 2 juillet 2024, c'est le choc, car il manquait le plus important : le choix de la plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) du cabinet.

Petit exercice de fiction.

Vous n'osez même pas ouvrir votre ordinateur. Votre cabinet est-il seulement en état de fonctionner normalement ? Cela fait un an que tous les éditeurs ou presque le répètent : ce 1er juillet 2024 est un bing bang, avec un avant et un après. Gare à ceux qui ne sont pas prêts. Les centaines de mailings reçus ces derniers mois et leurs titres angoissants vous reviennent en mémoire :

« Plus que 3 mois avant l'arrivée de la facturation électronique : êtes-vous prêt ? »

« Il ne vous reste plus que 60 jours pour choisir votre PDP, dépêchez-vous ! »

« J-7 avant la généralisation de la facture électronique : si vous n'avez qu'une chose à faire cette semaine, c'est choisir une PDP »

Après quelques minutes, les palpitations cessent et vous reprenez vos esprits. Vous décidez d'examiner froidement la situation, point par point.

Premier constat : on peut (sur)vivre sans PDP

Étrangement, vous constatez en ouvrant votre boite mail que votre système informatique fonctionne. Vous ne croulez pas sous les demandes de fournisseurs furieux.

La raison est simple : au 1er juillet 2024, seules les très grandes entreprises seront tenues d'émettre des factures électroniques. Rappelons ce qu'on entend par-là :

  • un effectif supérieur à 5 000 personnes ;
  • un chiffre d'affaires annuel supérieur à 1,5 milliards d'¤ ou un total de bilan supérieur à 2 milliards d'¤.

On estime que 20 à 30% des factures seront concernées à cette étape. Tous les fournisseurs ne sont donc pas concernés, mais cela reste suffisant pour s'y intéresser de près !

Pas de chance, vous attendiez justement une facture d'électricité extrêmement importante ce jour-là. L'angoisse revient : vous imaginez déjà une demi-journée perdue avec le service clients pour essayer de retrouver une facture disparue dans les arcanes des plateformes de factures électroniques.

Deuxième constat : le PPF est là !

Tout à coup, un éclair d'espoir surgit. Et si votre facture se trouvait sur le portail public de facturation, le PPF ? En quelques minutes, vous retrouvez les identifiants de connexion et la procédure fournis dans une communication officielle. Et là surprise, vous parvenez à vous connecter à votre espace, et à visualiser la facture d'électricité que vous recherchiez.

En effet, les entreprises qui n'auraient pas choisi leur PDP au 1er juillet 2024 disposeront malgré tout d'une adresse de facture électronique renseignée sur l'annuaire centralisé, et donc transmise à tous les fournisseurs qui devraient émettre une facture. Pas de perte de données à craindre donc.

Vous commencez à vous rassurer pour de bon quand un autre souvenir de formation refait surface. L'intervenant avait beaucoup insisté là-dessus : « Sans PDP, pas d'automatisation et donc pas de gain de productivité ! ». Les sueurs froides reviennent : venez-vous de compliquer la tenue de votre comptabilité ?

Troisième constat : générer des gains de productivité sans PDP, c'est possible

En cherchant rapidement sur le PPF, vous constatez qu'un export vous permet de récupérer la facture électronique de votre fournisseur d'électricité, et en même temps celle des autres « gros » fournisseurs. Mieux encore, vous pouvez rediriger toutes vos factures vers Dext, celles-ci et les suivantes, sans avoir besoin de vous reconnecter au PPF.

Surprise, tout fonctionne du premier coup ! Les factures sont lues, les données sont extraites, le code comptable choisi, tout est prêt pour envoyer en production.

Que s'est-il passé ? La réforme de la facture électronique n'est pas qu'une question de plateforme, c'est aussi une question de format. Toutes les entreprises tenues d'émettre des factures électroniques doivent aussi le faire dans un des 3 formats prévus (dont le fameux Factur-X). Des formats normés, standardisés, qui évitent toute erreur de traitement et fluidifient encore le traitement automatique. Les deux factures que vous venez de télécharger sont au format Factur-X, et donc parfaitement exploitables par Dext, sans paramétrage supplémentaire ni risque d'erreur. 

Alors, pas besoin de PDP ?

Peu de fournisseurs concernés, pas de perte de données, un traitement automatique plus fluide, et le tout sans PDP ! Vous êtes un peu perdu, et pourtant c'est la réalité. Quels sont les principaux enseignements de ce petit exercice de fiction ?

« Raisonnons par l'absurde, et imaginons une entreprise mal conseillée, qui ne ferait rien pour se préparer à la généralisation de la facture électronique. Dans cette situation, que se passera-t-il le 2 juillet 2024 ?

Pour 80% de ses factures d'achat, émises par des fournisseurs TPE/PME, [une entreprise qui ne ferait rien pour se préparer à la facture électronique] ne verrait aucun changement. Pour les 20% restants, émises par les grandes entreprises, fournisseur d'énergie ou de téléphone par exemple, elle gagnerait du temps : il lui suffirait de se connecter une fois par mois sur le portail public de facturation (PPF) pour récupérer l'ensemble de ces factures, au lieu d'aller les collecter sur chaque site marchand. La vérité c'est qu'après le 1er juillet 2024, tout le monde sera un peu plus efficace, qu'il soit ou non préparé à ce changement », Florent Dujardin, Directeur général France, Dext.

Pourquoi ne rien faire reste malgré tout une (très) mauvaise idée

Cet exemple porte deux enseignements. Tout d'abord, la transformation numérique de la profession ne doit pas être motivée par une date ou  une crainte, mais par une stratégie.

L'objectif ne doit pas être de cocher la case de la conformité, mais d'apporter une réponse durable à la  concurrence de nouveaux acteurs, la perte de valeur de la saisie, l'attractivité de la profession, et bien sûr, les attentes grandissantes des entreprises.

« Le fait qu'il n'y ait pas de « big bang » à venir n'est pas une bonne nouvelle pour la profession. Cela signifie que la facture électronique ne transformera pas les cabinets d'expertise comptable à leur place, et qu'aucune échéance ne viendra résoudre des problèmes d'organisation et de mode de production. Raison de plus pour s'y mettre dès maintenant ! », Florent Dujardin.

Ensuite, les PDP ne constituent sans doute pas la voie unique vers la facturation électronique. Les communications de la DGFiP montrent que les ODs pourront offrir un niveau de service à valeur ajoutée pour les experts-comptables ou leurs clients TPE/PME identique à celui des PDPs. Par ailleurs, cette connexion entre le PPF et l'OD sera transparente pour l'utilisateur, grâce à un système d'API.

Certains opérateurs de dématérialisation (OD), acteurs majeurs de la période à venir, feront donc probablement le choix de proposer une « surcouche » au PPF, avec une expérience utilisateur travaillée, et des services complémentaires, comme la récupération automatique des pièces. Car plus que le choix d'une plateforme, c'est l'interopérabilité de vos solutions entre elles et avec celles de vos clients qui sera essentielle.

PDP, PPF, ou OD, les futurs acteurs de la facturation électronique sont complémentaires. Raison supplémentaire de bien définir sa stratégie avant de faire un choix.


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