Drakarys investit dans un logiciel de paie et une solution juridique

Article écrit par (316 articles)
Modifié le
3 405 lectures

Après la création de Drakarys il y a un an et un premier investissement dans MyUnisoft, Lionel Canesi, président du Conseil national de l'Ordre des experts-comptables (CNOEC), vient d'annoncer deux nouvelles prises de participation du fonds d'investissement de la profession. Une première dans une solution juridique, Juriactes, la seconde dans Weekera, une société créée pour construire un nouveau logiciel de paie. Il répond à nos questions.

Le premier investissement de Drakarys concerne Juriactes, une entreprise de la Legaltech. Pourquoi ce choix ?

Lionel Canesi : Juriactes est une startup de la legaltech basée au Pays basque, pilotée par de jeunes entrepreneurs et notamment Yannick Couturier, juriste et CEO. Cette société développe une solution qui permet à la fois de générer des actes juridiques, de les faire signer aux clients depuis la plateforme, de réaliser l'ensemble des formalités légales de manière dématérialisée mais aussi d'auditer les dossiers juridiques du cabinet. Juriactes est une solution opérationnelle, déjà utilisée par des cabinets d'expertise comptable au quotidien.

Quels sont les objectifs et modalités de ce premier investissement ?

Lionel Canesi : Ce qui fait la pertinence d'une solution juridique, c'est en grande partie sa base de modèles d'actes. Notre investissement va accélérer la constitution de cette base, notamment avec l'embauche de nouveaux juristes. La présence d'experts-comptables au capital permettra aussi de mieux défendre nos besoins : la mise en place d'API en lien avec les différentes solutions comptables du marché, par exemple, est une priorité. Notre objectif est d'automatiser les missions juridiques des cabinets, à un coût abordable. Pour cela, Drakarys est actionnaire à hauteur de 33,33%. C'est un niveau de participation important, qui démontre notre souhait de compter sur le long terme.

Pouvez-vous maintenant nous en dire davantage à propos du second investissement, dans Weekera cette fois ?

Lionel Canesi : Ce second projet suit une logique différente : Drakarys participe à la création d'une société nouvelle, Weekera, et détient 32% de son capital social, pour un montant de 6 millions d'¤. Il s'agit ici de créer de toute pièce un logiciel de paie pour la profession. Pour cela nous avons constitué une équipe de haut niveau, puisque le projet sera notamment piloté par Stéphane Lecaillon, ancien directeur produit Offres de paie Experts-comptables de Cegid.

L'objectif fixé est ambitieux : disposer d'une solution opérationnelle pour le Congrès de Marseille en 2024. D'ici là il doit s'agir d'un projet participatif, qui doit inclure un maximum d'experts-comptables.

Quel a été le processus de décision qui a mené à ce double investissement ?

Lionel Canesi : Nous avions annoncé il y a près d'un an notre volonté d'investir dans une  « Legaltech » et une « RHtech » pour créer de l'émulation sur ces deux marchés. Nous avons reçu plusieurs candidatures, entamé des discussions, et testé les solutions. Je dois aussi dire que les équipes des deux projets retenus correspondent à l'ADN de Drakarys : de véritables entrepreneurs, qui placent la qualité de leur produit et la satisfaction de leurs clients au c½ur de la stratégie. Précisons enfin que chaque investissement a été voté par le comité d'investissement de Drakarys, à l'unanimité moins une abstention. 

L'investissement de Drakarys est-il suffisant pour développer une solution ex-nihilo, au regard des sommes levées par les start-ups de la Comptatech ?

Lionel Canesi : Les levées de fonds de ces dernières années sont excessives. On voit d'ailleurs que les investissements commencent à se tarir, et que cette bulle ne va pas tarder à exploser. Par ailleurs, ce qui coûte cher aux start-ups de la Comptatech et justifie de telles dépenses, c'est avant tout le coût d'acquisition des clients, et particulièrement de clients experts-comptables. En créant une solution faite par et pour la profession, nous réduisons ce coût. 

Drakarys siègera-t-il au conseil de surveillance de Juriactes et Weekera ?

Lionel Canesi : En effet, nous serons bien aux conseils de surveillance, avec deux sièges dans chaque société : je prendrai la tête du conseil de surveillance de Weekera, avec Damien Dreux à mes côtés. Jean-Luc Flabeau et Frédéric Girone siègeront au conseil de surveillance de Juriactes. 

Les experts-comptables qui ont souscrit au capital de Drakarys bénéficieront-ils d'avantages auprès de Juriactes ou Weekera ?

Lionel Canesi : Pas à ce stade. La priorité est avant tout de faire connaître ces deux solutions, de les développer et de faire en sorte qu'elles soient utiles à la profession.

Comment va évoluer Drakarys dans les années à venir, tant en termes de projets que de gouvernance ?

Lionel Canesi : Maintenant que nous avons réalisé des investissements stratégiques pour développer les solutions comptables, sociales et juridiques de demain, nous pouvons envisager d'autres projets. C'est d'ailleurs l'objectif de la journée innovation qui s'est tenue ce 9 juin : identifier les futures pépites. Nous ne nous interdisons rien : transmission d'entreprise, patrimoine, RSE,... le point commun doit être la valeur ajoutée à nos cons½urs et confrères. Dans l'idéal, il faudrait que Drakarys compte une dizaine de start-up dans son portefeuille d'ici 2 ou 3 ans. Nous comptons déjà plus de 2 500 souscripteurs, mais pour financer ces nouveaux investissements, nous envisageons ainsi de lancer une nouvelle souscription début 2023. 

En termes de gouvernance, je souhaite conserver les rênes de Drakarys encore quelques années, pour continuer à lancer des projets d'investissement, assurer les premières années de développement du fonds et son installation dans le paysage de la profession. Il faudra ensuite qu'un des actionnaires du fonds prenne la suite. C'est à la fois normal et très sain.



Julien Catanese Aubier
Diplômé d'expertise comptable, après 7 ans en tant que rédacteur en chef puis directeur de la rédaction Fiscalistes et experts-comptables chez LexisNexis, Julien rejoint l'équipe Compta Online en tant que Directeur éditorial de juin 2020 à octobre 2023.