Drakarys : faut-il souscrire à la société d'investissement de la profession ?

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Drakarys, la société d'investissement voulue par le président du Conseil supérieur de l'Ordre, Lionel Canesi, avait réalisé son premier investissement en juillet, en entrant au capital de MyUnisoft. Désormais, à compter de ce lundi 27 septembre, tous les experts-comptables inscrits au tableau de l'Ordre peuvent souscrire.

Comment le faire ? Dans quel but ? Quels sont les projets d'investissement actuels et à venir ? Voici quelques éléments de réponse.

En pratique, comment se fait la souscription ? 

L'annonce officielle aura lieu ce lundi 27, mais le site est déjà opérationnel : tous les experts-comptables inscrits peuvent souscrire au capital de la société d'investissement Drakarys, depuis le site créé à cette occasion : www.drakarys.fr

Les paiements peuvent se faire par carte bancaire, virement ou chèque, selon le montant. Un stand Drakarys sera par ailleurs ouvert sur le Congrès de Bordeaux, permettant une souscription sur place.

Comment garantir que seuls les experts-comptables inscrits auront accès à cette souscription ?

L'authentification sur le site de Drakarys se fait via Comptexpert, en lien avec la liste des inscrits au tableau de l'Ordre des experts-comptables.

Quels sont les investissements réalisés et à venir ? 

Drakarys a investi en juillet dans MyUnisoft, éditeur d'une solution comptable. Interrogé sur ce sujet, Lionel Canesi indique :

« J'avais annoncé 3 priorités : une entreprise issue de la comptatech, une de la RHtech et une dernière de la legaltech. L'investissement dans MyUnisoft coche la première case. Concernant la RHtech, je ne peux pas donner de détails compte tenu des accords de confidentialité, mais nous avons de grandes chances d'entrer au capital d'une entreprise très prometteuse d'ici la fin de l'année. Nous avançons en parallèle sur le dernier point.

Une fois que nous aurons investi dans des solutions de comptabilité, paie et juridique, nous regarderons d'autres domaines : pourquoi pas demain une néobanque, un outil de datavisualisation, une ged,... on ne s'interdit rien. Tout dépendra du succès de la souscription : plus nous lèverons de fonds, plus nous pourrons faire d'opérations au service de la profession ».

On notera par ailleurs que dans les éléments prévisionnels d'activité publiés sur son site internetDrakarys affiche un objectif d'investissement de 20 millions d'¤ en 2022 et autant en 2023. 

La profession pourra-t-elle avoir une réelle influence sur la stratégie des entreprises dans lesquelles Drakarys investit ?

MyUnisoft est sans doute un cas à part, l'entreprise s'étant construite sur un modèle « for us by us », et ayant donc choisi depuis sa création de n'ouvrir son capital qu'à des experts-comptables. Même si, comme l'indiquait Régis Samuel, CEO de MyUnisoft en juillet, « Drakarys n'aura pas plus de poids dans la décision que les autres parties prenantes du projet » on peut penser que sa stratégie sera naturellement au service de la profession.

Pour ce qui est des opérations à venir, selon nos informations, l'investissement dans l'entreprise issue de la RHTech devrait être suffisamment significatif pour donner un vrai pouvoir de décision à Drakarys. Pour le reste, Lionel Canesi mise aussi sur l'effet d'image que devraient générer les investissements de la société :

« Les entreprises dans lesquelles Drakarys prendra des participations bénéficieront d'un effet d'image favorable aux yeux de nos cons½urs et confrères, qui sera extrêmement positif pour elles. Ces entreprises auront donc tout intérêt à nous écouter pour que nous maintenions notre place au capital. Car rien ne nous interdit de ressortir, même si ça n'est bien évidemment pas l'objectif ».

Quelle gouvernance pour Drakarys ?

Tout en confirmant avoir souscrit une action à FINKO Participation, personne morale gérant Drakarys, l'IFEC a récemment soulevé des questions sur la gouvernance de la société d'investissement.

Sur ce point, le président du Conseil supérieur assume le choix d'une gouvernance resserrée, pour permettre une décision rapide et préserver la confidentialité des opérations. Il revendique toutefois la diversité de cette gouvernance, qui inclut notamment l'ANECS, le CJEC, IFEC, ECF et le CSOEC, sans fermer la porte à une évolution future :

« A terme, il faudra ouvrir plus largement cette gouvernance, c'est évident. Nous sommes en phase de lancement de Drakarys, et nous avons donc besoin d'aller vite, avec une prise de décision rapide. Quand les prises de participation se multiplieront et que Drakarys prendra de l'ampleur, il faudra mettre en place une nouvelle gouvernance, qui reste à imaginer ».

Où trouver des informations complémentaires sur Drakarys ?

Dans le cadre de cette offre au public, et conformément à la loi, Drakarys publie sur son site internet ses statuts, le document d'information synthétique, le tableau de répartition du capital, les informations relatives aux représentants légaux, le tableau d'échéancier de l'endettement sur 5 ans et les éléments prévisionnels sur l'activité de Drakarys.

Faut-il souscrire dans un objectif spéculatif ?

Selon la communication officielle, l'objectif est de « maîtriser collectivement le destin numérique de la profession et créer les conditions d'une concurrence saine afin que les experts-comptables bénéficient enfin, au service de leurs clients, des technologies les plus novatrices et les plus performantes ».

Interrogé sur ce point, le président du CSOEC le confirme, l'objectif premier n'est donc pas de générer des plus-values, mais bien de doter la profession d'outils modernes, à des prix raisonnables.

Quelles conséquences sur les relations avec les éditeurs ?

Selon nos informations, plusieurs éditeurs de la profession auraient déjà manifesté leur mécontentement, par des canaux officiels ou officieux, certains envisageant même de remettre en cause leur participation au Congrès. Pourtant, pour Lionel Canesi :

« Tout le monde sera gagnant au final, car nous allons créer de l'émulation dans l'écosystème de la profession. Les solutions dans lesquelles Drakarys investira n'ont pas vocation à signer les 21 000 experts-comptables de France. L'objectif est de prendre notre destin numérique en main et que les professionnels s'approprient les outils numériques du futur ».



Julien Catanese Aubier
Diplômé d'expertise comptable, après 7 ans en tant que rédacteur en chef puis directeur de la rédaction Fiscalistes et experts-comptables chez LexisNexis, Julien rejoint l'équipe Compta Online en tant que Directeur éditorial de juin 2020 à octobre 2023.