Commissaires aux comptes et clients : pas toujours la même vision

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Les commissaires aux comptes doivent s'adapter à un tout nouveau marché qui n'est plus celui de la seule certification légale. Tantôt « sous le choc de la réforme sans en avoir encore réellement mesuré les conséquences », tantôt confiants et sereins sur le fait qu'ils sauront « s'adapter aux changements à venir », l'état d'esprit des professionnels est mitigé mais toujours plus positif.

D'une majorité de défaitistes et d'inquiets à l'ouverture de la consultation nationale, les commissaires aux comptes sont passés à une majorité de confiants et optimistes dès les mois d'août et septembre 2019.

La consultation des clients aura permis d'obtenir des retours constructifs mais aussi des avis très négatifs.

Les résultats de la consultation nationale des commissaires aux comptes et de leurs clients ont été présentés lors de la convention nationale qui s'est déroulée les 7 et 8 novembre 2019 à Lille.

Les commissaires aux comptes vus par leurs clients : des avis divergents

Selon les structures interrogées dans le cadre de la consultation nationale, les réponses ne sont pas du tout les mêmes.  Si certains dirigeants voient le commissaire aux comptes comme « un rentier, une poule mouillée » ou encore « une charge financière dans le cadre de sa mission de 5 jours », d'autres ont une vision totalement différente.

Les dirigeants d'entreprise pointent ainsi du doigt le fait que :

  • le commissaire aux comptes ne maîtrise pas les outils logiciels de ses clients ;
  • ne propose pas de prestations sur-mesure ;
  • est trop frileux et hésite à prendre des risques.

D'autres le voient comme un partenaire indépendant de confiance, un contre pouvoir, un expert des données financières ou un gardien des règles.

Le commissaire aux comptes est enfin reconnu lorsqu'il alerte l'entreprise sur les risques et aide les petites entreprises à se structurer en interne.

Ces éléments montrent que même si certains dirigeants ont une image négative de la profession, d'autres sont en attente de prestations ou services différents.

Le commissaire aux comptes, lorsqu'il est qualifié de rentier et de poule mouillée, « est jugé de manière très sévère sur les méthodes de travail classiques, de manière très sceptique sur la capacité à prendre en charge le numérique et de nouveaux chantiers » estime Farouk Boulbahri, expert-comptable et commissaire aux comptes.

Car dans les petites entreprises et pour des missions de courte durée, le dirigeant peut ne pas voir l'intérêt de la mission en-dehors de l'obligation légale.

Les professionnels doivent mieux communiquer leur savoir-faire, être fiers de ce qu'ils sont et faire une restitution plus intelligente de leurs travaux. S'ils « parviennent à faire ressentir cela à leurs clients, la moitié du chemin vers le rebond sera fait ».

L'état d'esprit des professionnels après la réforme : confiance, optimisme et nouvelles missions

Les commissaires aux comptes se voient surtout comme des professionnels du risque, la sentinelle de l'économie, tiers de confiance et garde fou. Ils se voient aussi comme les garants de la transparence et de la sécurité financière.

Le ressenti des clients n'est pas toujours en adéquation avec l'image qu'ont les commissaires aux comptes d'eux-mêmes.

Car tout le problème vient du fait que les honoraires du commissaire aux comptes sont payés par celui dont il audite les comptes.

Les commissaires aux comptes doivent désormais démontrer l'intérêt de leur mission en-dehors des aspects légaux.

Certains professionnels y parviennent, d'où probablement le regain de confiance et d'optimisme entre le début et la fin de la consultation nationale.

Ils proposent de nouvelles missions, plus en adéquation avec le marché des auditeurs. Parmi elles se trouvent la certification des process et des informations communiquées dans le cadre d'une démarche RSE, les offres liées au numérique et la mission ALPE, vue comme une solution par 60% des répondants.

L'évaluation de l'efficacité d'un processus, la cartographie des risques, la vérification du respect des dispositions réglementaires, la cybersécurité, le RGPD ne sont que quelques exemples. La liste complète des nouvelles missions proposées dans le cadre de la consultation nationale est disponible sur le site de la CNCC.



Sandra Schmidt
Rédactrice sur Compta Online de 2014 à 2022, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.