L'ubérisation de l'expertise comptable et la transformation digitale

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L'ubérisation et l'intelligence artificielle sont des termes évoqués régulièrement, qui peuvent finir par donner des boutons aux dirigeants de petites et moyennes entreprises. Pour eux, ceci n'est pas une priorité stratégique et le quotidien l'emporte sur la transformation digitale pour ne pas se faire ubériser. Bpifrance Le Lab a sorti un ouvrage nommé « Le numérique déroutant Acte II » qui a pour objectif de déchiffrer notamment l'ubérisation et l'intelligence artificielle dans la transformation digitale des entreprises. En voici quelques notions.

L'ubérisation dans le secteur de l'expertise comptable

L'ubérisation n'est pas réservée aux marchés du tourisme ou du transport. Tous les marchés économiques peuvent se faire ubériser.

L'ubérisation permet de raccourcir la chaîne des valeurs. Cela signifie que certains acteurs de cette chaîne des valeurs développent des plateformes numériques qui permettent de réduire le nombre d'étapes de la chaîne afin de mettre en relation le producteur et le consommateur.

L'ubérisation fait disparaître certains acteurs intermédiaires de cette chaîne de valeur et permet de réduire les coûts offerts aux consommateurs. Les premiers impactés ont été les hôtels puis les taxis. Qui sont les prochains ? Ou plutôt qui sont déjà sur le même chemin ?

La cartographie des secteurs ubérisés ci-dessous démontre qu'une majeure partie est déjà dans le processus et que le secteur de l'expertise comptable est ubérisé à 40%.

Source : BPI France

4 axes de transformation digitale pour les PME

Le niveau de transformation digitale dans les petites et moyennes entreprises n'est pas très élevé. Pour 87% des dirigeants, la transformation digitale n'est pas prioritaire et n'est pas une priorité stratégique.

55% des dirigeants possèdent une vision de la transformation digitale, toutefois 63% d'entre eux n'ont pas encore établi de feuille de route claire. Enfin, 73% des dirigeants sont très peu avancés dans leur digitalisation.

Le principal frein évoqué est le sentiment que la transformation digitale est forcément liée à un changement important au niveau technologique. Cela est perçu comme un investissement à prévoir non négligeable pour l'entreprise.

Afin de mettre en place une transformation digitale correctement, voici les 4 aspects dont il faut tenir compte. « Ils ne sont en rien révolutionnaires. Ils renvoient plutôt aux fondamentaux et aux basiques du succès entrepreneurial » :

  • le client final : rendre ses clients acteurs pour transformer son offre ;
  • l'organisation : faire évoluer son organisation vers plus d'horizontalité et d'agilité ;
  • l'écosystème : rechercher activement des partenaires au sein de son écosystème ;
  • l'offre : réfléchir au passage du produit vendu vers l'usage du produit vendu.

Les 3 grandes limites de l'intelligence artificielle

L'intelligence artificielle possède plusieurs niveaux qui lui permettent d'apprendre et de renforcer son apprentissage. Cela commence par un apprentissage de base jusqu'à un apprentissage renforcé en transférant ses connaissances dans d'autres secteurs.

Toutefois, l'intelligence artificielle connaît ses limites concernant des facultés cognitives face à l'être humain.

Son mode d'apprentissage

« A force de montrer des photos de chat à une intelligence artificielle, elle saura dire qu'il s'agit d'un chat. En revanche, elle ne saura pas dire pourquoi c'est un chat. Et si vous lui montrez la photo de chien, elle saura juste vous dire qu'il ne s'agit pas d'un chat ».

Par ce mode d'apprentissage par renforcement de l'intelligence artificielle, l'être humain peut vite faire mieux. En montrant les mêmes images à un enfant, il saura rapidement différencier un chat d'un chien et il saura pourquoi les images sont différentes.

La difficulté d'atteindre le zéro défaut

L'intelligence artificielle connaît toujours une marge d'erreur. Lorsque l'intelligence artificielle est utilisée dans un objet, il est décrit qu'elle est fiable à 99%. Oui mais que se passe-t-il pour le 1% restant ?

Dans le cas de la voiture autonome qui reconnaît des feux rouges à 99% des cas peut devenir problématique pour des vies humaines dans le pourcentage restant. « L'existence de ce type de marge d'erreur explique le retard du déploiement de la voiture totalement autonome. De son côté, le cerveau humain peut être inattentif ou le regard gêné par le soleil, mais s'il voit le feu rouge, il comprendra toujours immédiatement l'urgence ».

La gestion de l'imprévu

L'intelligence artificielle ne sait pas encore gérer l'exceptionnel dans une situation normale. Contrairement à l'être humain qui saura s'adapter à un imprévu ou à une dérogation de règle, l'intelligence artificielle ne prendra des décisions que selon ce qu'elle a appris et selon la manière dont elle est programmée.

« Si la voiture autonome est programmée pour ne passer au feu rouge mais qu'un agent demande de libérer le carrefour, la voiture ne saura pas s'adapter. La créativité et la gestion de l'inhabituel restent des compétences pour lesquelles l'homme a une avance considérable ».



Adeline Rocci
Rédactrice sur Compta Online, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.
Je suis passionnée par les ressources humaines et la vie en entreprise, thématiques de prédilection que je traite sur mes articles.
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