Transformation numérique des cabinets et employabilité des collaborateurs

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Les métiers en cabinet d'expertise comptable évoluent et doivent le faire avec le numérique. Cette évolution passe par la formation initiale et par la formation continue des collaborateurs de cabinet.

Tous doivent prendre conscience de ces changements et avoir une attitude proactive par rapport à la formation, qu'il s'agisse du numérique, de l'analyse de données, du conseil ou même simplement des compétences relationnelles en développant leurs soft skills.

Synthèse des assises du numérique de la CGT ou Confédération Générale du Travail du 11 décembre 2018 dont le thème était « La transition numérique pour les métiers d'expertise comptable ».

L'apparence de stabilité dans le secteur de l'expertise comptable

Le secteur de l'expertise comptable semble statique. Le nombre de collaborateurs bouge relativement peu en passant de 136 000 à 145 000 au cours des dix dernières années, de même que le nombre d'experts-comptables, recensés par l'Ordre.

Le chiffre d'affaires progresse d'environ 1% en moyenne par an et le nombre d'établissements semble rester assez stable, autour de 14 700.

Mais cette stabilité cache une concentration toujours plus grande du marché avec les rachats de petits cabinets et le fait que « les 130 plus gros cabinets totalisent à eux seuls, plus de la moitié du chiffre d'affaires de la profession » précise Valérie Barca, analyste du travail à ACANTE.

C'est pour cette raison qu'une étude a été réalisée dans le cadre d'un projet du Fonds social européen intitulée « accompagner les branches et les filières dans la réussite de la transition numérique de leurs entreprises et de leurs salariés ».

L'objectif de cette étude, comme le rappelle Céline Vicaine, consultante expérimentée pôle social en cabinet est « l'anticipation des mutations et la sécurisation des transitions professionnelles ».

Selon les témoignages recueillis par la CGT lors de son étude, « aux yeux de certains experts-comptables, le métier de demain consistera à paramétrer le système d'information du client pour que ce système tourne automatiquement et de manière fiable, avec envoi automatique à l'administration fiscale. Ils embauchent déjà des profils différents » témoigne encore Valérie Barca.

Quelques années auparavant, une évolution presque silencieuse avait déjà eu lieu au sein des cabinets : celle de l'augmentation constante du niveau de diplôme. Du CAP BEP ou Bac Pro, les cabinets sont passés à une embauche minimale à BAC +2. Cette évolution a permis de mieux armer les cabinets pour les changements à venir.

Car selon une étude du COE ou conseil d'orientation pour l'emploi, « 10% des emplois sont vulnérables et risquent d'être supprimés alors que 50% des emplois actuels devraient évoluer du fait de l'automatisation » précise encore Valérie Barca.

Les nouvelles compétences attendues des collaborateurs

C'est ainsi que les mutations en cours vont obliger les collaborateurs à se former sans attendre s'ils souhaitent conserver leur employabilité et ne pas être concurrencés par d'autres profils.

Les premières mutations importantes sont « attendues dans les trois prochaines années, avec la disparition de la saisie grâce à l'automatisation, avant la fin des travaux comptables tels que nous les connaissons à une échéance de dix ans ».

Pour Valérie Barca, « les collaborateurs vont être attendus sur leur capacité à partager l'information, à former et à conseiller les autres, notamment les clients, à faire des présentations, à planifier ces activités, à organiser leur temps, persuader, négocier ».

Plutôt que de saisir les données, ils vont devoir s'orienter « vers la sécurisation des données, la maîtrise des outils de veille et d'analyse de ces données » tout en apprenant à composer avec « les impératifs d'immédiateté, la culture de l'urgence qui se généralise et l'intensification du travail dans tous les cabinets ».

Le plus grand risque est la « dés-adéquation entre les compétences des collaborateurs et le contenu du travail attendu au sein des cabinets ».

La demande de connaissance des technologies ne fera que croître. Le reste dépendra de la stratégie des cabinets. Certains pourront se spécialiser dans le conseil, d'autres sur la gestion des flux et le traitement des données » conclut Céline Vicaine.



Sandra Schmidt
Rédactrice sur Compta Online de 2014 à 2022, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.