Stabilité ou changement ? That is the question ?

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« Les statistiques, c'est l'art de mentir avec précision » nous disait Alfred Sauvy.

C'est exactement ce qu'il se passe avec le débat sur la durée du travail. On peut faire dire à peu près tout ce que l'on veut aux statistiques en fonction de ce que l'on cherche à démontrer. Elles ne sont jamais fausses mais quasiment toujours partiales (je dis bien partiales et non partielles bien que les deux soient souvent concomitants).

Dans cet article, nous pourrons relever quelques exemples de ces leurres.

La durée moyenne du travail en France est plus faible que dans les autres pays

C'est tout à fait vrai... mais seulement si l'on ne considère que les emplois à temps plein. Si l'on tient compte du travail à temps partiel et des micro-jobs fréquents en Grande-Bretagne ou en Allemagne, le résultat est complètement inversé.

La rigidité du code du travail français est la cause du chômage car les patrons n'osent pas embaucher

La législation du travail aurait en effet besoin d'être grandement simplifiée, mais de là à être une cause directe du chômage, il y a un pas difficile à franchir.

Si nous faisons une comparaison avec l'Allemagne en particulier, le relativement faible taux de chômage n'y est pas dû à la facilité à licencier (par certains aspects, c'est même parfois plus difficile et coûteux), mais par la faiblesse de la population active (ce n'est pas le numérateur du taux qui augmente mais le dénominateur qui est faible).

Les vraies causes seraient plutôt d'ordre psychologique.

Une législation pléthorique et instable crée un climat d'insécurité qui n'incite pas à la prise de risque. Les décisions de gestion se font toujours en univers incertain et le but du décideur est de réduire au mieux l'incertitude, mais quand l'environnement politico-juridique et administratif est trop instable, le seul choix rationnel semble être de ne rien faire car il est difficile d'envisager la situation future.

Ce ne sont pas les contraintes légales aussi protectrices qu'elles soient (ou pénalisantes selon l'optique : droit social, fiscal, de la consommation...) mais les changements inconsidérés et incessants qui rendent l'environnement des entreprises imprévisible.

Il serait toujours possible de faire des aménagements réfléchis et discrets pour apporter des améliorations concertées, mais il est inutile de faire d'incessantes réformes peu utiles à grand renfort d'annonces tonitruantes, souvent cause de troubles.

D'ailleurs, Elyaju Goldratt à montré avec la théorie des contraintes qu'il y a en réalité très peu de variables qui permettent une amélioration sensible des performances.

Inutile de faire du Business process reengineering global permanent, l'économie a besoin de stabilité et non du désordre causé par le bouleversement incessant des règles du jeu.



André Cavagnol
Consultant - Formateur - Auteur en management des organisations
Conseils en organisation, séminaires, conférences, cours
Direction de rapports de stage et de mémoires (DCG, DSCG).