Rémunérations : baisse des salaires et des primes après la crise ?

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Situation de l'emploi en France au 1er trimestre 2020

Alors que l'emploi reprend son envol, selon les secteurs et les régions, la question se pose quant aux salaires et aux primes qui sont d'ordinaires versés par les entreprises.

Environ 500 000 emplois ont été détruits en France dans le secteur privé au 1er trimestre, selon l'INSEE. Ce chiffre est alimenté par le plongeon de l'intérim pendant la période du confinement (318 100 emplois détruits soit un effondrement de 40,4%).

Le gouvernement table pour 2020 sur un recul de 11% du produit intérieur brut (PIB) et la suppression de 800 000 emplois. « Je vis au rythme des annonces de faillites, de licenciements » a également dit Monsieur Le Maire.

Avec tous ces chiffres, les français peuvent-ils penser à une augmentation de salaire ou des primes en 2020 ?

Travailler plus et gagner moins ?

Est-ce la tendance pour que l'économie française reparte ? Les salaires vont-ils devoir être revus à la baisse et devenir la variable d'ajustement des entreprises pour sortir de la crise ?

Le site Les Echos indique : travailler autant, voire plus, pour gagner moins en échange d'un maintien de l'emploi... Le sujet resurgit à chaque crise. Au milieu des années 1990, après la crise de 2008. Le voici de nouveau sur la table.

La ministre du Travail l'a amené en douceur. « Quand une entreprise passe un passage difficile, en général la seule solution c'est le plan de sauvegarde de l'emploi », a regretté Muriel Pénicaud sur BFM Business. L'accord de performance collective, introduit en 2017, permet de dire : « On va discuter le temps de travail, ou les rémunérations, ou l'organisation du travail... en contrepartie de ne pas licencier ».

Au micro d'Europe 1, l'avocat en droit du travail Kévin Mention rappelle que cela ne peut que très rarement être imposé unilatéralement. Baisse du salaire, renoncement aux vacances, ou encore augmentation du temps de travail, un patron peut proposer ce genre de mesure, confirme Kévin Mention. Mais, cela doit être dans certains cas directement accepté par le salarié.

La baisse du salaire peut donc devenir le sujet à aborder pour conserver les emplois. Ce qui paraît évident pour de nombreux salariés qui préfèrent garder leur job et faire l'impasse sur des augmentations ou des primes.

Une étude du cabinet d'audit Deloitte menée entre le 27 mars et le 11 mai confirme que les années 2020 et 2021 resteraient très tendues au niveau des mesures salariales.

Selon cette étude, 30% des entreprises comptent réduire leur enveloppe dédiées aux augmentations générales de salaires et 40% de réduction sur les enveloppes d'augmentations individuelles. Et 4 entreprises sur 10 pensent à geler les salaires en 2020.

En contrepartie, trois quarts des entreprises réfléchissent à verser une rémunération variable à leurs salariés cette année. Si ces entreprises n'envisagent pas un gel du versement des primes variables 2020 (à percevoir sur 2021), une entreprise sur deux s'oriente vers un versement partiel. Un tiers des entreprises compte verser la prime Macron « spéciale Covid ».



Adeline Rocci
Rédactrice sur Compta Online, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.
Je suis passionnée par les ressources humaines et la vie en entreprise, thématiques de prédilection que je traite sur mes articles.
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