Quand des étudiants de DSCG pratiquent le marketing et la communication

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La première édition des trophées Marcom Student, co-organisés par l'ENOES et Avensi Consulting, s'est terminée par la victoire d'Adel, de Mohammed et de Malikath. Ce sont trois étudiants de DSCG à l'ENOES qui ont eu l'occasion de présenter leur projet devant un jury. Ils gagnent le trophée or.

Alors que les inscriptions des cabinets à l'édition 2018 des Trophées Marcom viennent tout juste de commencer, nous revenons sur la première édition des trophées Marcom Student.

Issus de trois cabinets très différents et à des stades plus ou moins avancés de l'automatisation, Malikath, Adel et Mohammed témoignent de leur expérience hors du commun.

Si « les apports des trophées vont bien au-delà du marketing et de la communication », tous témoignent d'une « expérience enrichissante » qu'ils ont pu utiliser ensuite dans un cadre professionnel.

Vous avez participé à la première édition des Trophées Marcom Student, les trophées du marketing de la profession comptable destinés aux étudiants.
Que retirez-vous de cette expérience ?


Malikath ALABI

Participer aux trophées Marcom Student a été pour moi une superbe expérience. Comme vous le savez en DSCG, comme dans la plupart des diplômes universitaires d'ailleurs, on a rarement l'occasion de travailler en groupe, d'échanger nos idées et de produire un travail collectif. C'est plus « chacun travaille dans son coin » pour lui et l'examen final.

Grâce à cette expérience nous avons pu Adel, Mohammed et moi échanger. Nous avons certes été en désaccord à maintes reprises mais nous avons trouvé le moyen de nous accorder et d'exprimer finalement les idées de chacun aussi divergentes soient-elles (puisque nous venons chacun de cabinets très différents).

Je continue à croire que c'est justement cette capacité à trouver un terrain d'entente, tout en étant aussi divergents sur nos idées qui nous a permis de gagner.


Adel BARKALLAH

Cette expérience fut pour moi très enrichissante tant au niveau personnel que professionnel.

Dans un premier temps, avec mon équipe, nous avons dû nous coordonner et partager les tâches de travail. Nous avons dû chacun de notre côté faire des enquêtes auprès de plusieurs cabinets d'expertise comptable de tailles différentes afin d'avoir un panel varié.

J'ai dû contacter plusieurs cabinets, les interviewer et en tirer une synthèse à partir de laquelle j'ai déduit des pistes de recommandations pour l'évolution des cabinets d'expertise comptable face à la digitalisation d'aujourd'hui.

J'ai beaucoup appris. Il fallut être très patient pour récupérer les réponses attendues, être rapide, compréhensif et concis avec les experts que l'on a interviewés afin de ne pas se perdre ou paraître trop long et ennuyeux.

Avec mon équipe, à chaque réunion nous avions dû être très ordonnés :

  • un ordre du jour à respecter à la lettre par le manque de temps ;
  • un travail coordonné et divisé en plusieurs tâches et objectifs à atteindre ;
  • un engagement moral vis-à-vis de l'équipe sur le travail fourni et le temps consacré à cette étude.

J'ai beaucoup appris, fais de très belles rencontres !


Mohammed BENAYAD

Que du positif ! Personnellement, l'initiative m'a séduit dès le départ pour la simple et bonne raison que les thématiques traitées — le marketing et la communication — sont désormais essentielles dans notre profession. Pourtant, ne nous les étudions pas en cours (pas encore, du moins). J'ai donc abordé les trophées comme un complément de formation.

Finalement, les apports des trophées vont bien au-delà du marketing et de la communication. À travers le sujet qui nous a été proposé — Digitalisation et employabilité dans la profession comptable — nous avons pu échanger avec des professionnels sur leurs structures, leurs méthodes de travail et leurs activités.

Dans un premier temps, cela nous a donc apporté de la matière pour étoffer notre étude. Par la suite, ces ressources nous ont permis d'amorcer notre réflexion afin d'apporter des pistes optimisant les processus comptables... mais pas seulement ! Ces derniers n'étaient pas les seuls éléments centraux : à leurs côtés, se trouvaient les femmes et les hommes qui les animent au quotidien.

Pour moi, le principal apport des trophées est le développement de cette capacité à envisager une problématique sous tous ses angles, plutôt que de se focaliser sur un aspect unique. La prise de hauteur, ainsi que la connaissance détaillée de l'environnement, sont essentielles à tous les preneurs de décision. Le fruit de notre étude leur est justement destiné.

Il ressort de nos discussions que vous êtes en alternance tous les 3 dans des cabinets très différents (du full digital au pas du tout numérique).
Vous serez prochainement sur le marché du travail après l'obtention du DSCG avec des compétences très différentes.
Quels sont selon vous les avantages et les handicaps de votre parcours ?


Malikath ALABI

Je suis celle du groupe qui est dans un cabinet qui n'avait pas encore pris le train du numérique au moment de notre participation aux trophées (nous avons commencé depuis lors).

Au cours de nos échanges avec les autres membres du groupe qui eux sont dans des cabinets déjà beaucoup plus avancés en la matière (notamment Adel), je me suis rendue compte à quel point nous étions en retard au cabinet. Et pour être honnête cela m'a énormément perturbée car les autres parlaient de logiciels dont je n'avais jamais entendu parler.

Toutefois, faisant partie de l'équipe en charge du projet dématérialisation au cabinet, je m'appuie sur le rapport que nous avons présenté au jury des trophées Marcom que j'ai proposé à l'expert-comptable.

J'ai donc compris que le fait de passer par ce type de cabinet qui a encore tout à mettre en place représente une compétence additionnelle pour moi, compétence additionnelle que je pourrais faire valoir sur le marché du travail.

Car contrairement à ce que l'on peut penser, il y a encore pas mal de cabinets qui sont à la traîne en matière de transition numérique et qui ne savent pas pour où commencer.


Adel BARKALLAH

Notre parcours, aussi élitiste soit-il, n'est pas si parfait que ça.

En effet, nous sommes en carence de marketing, communication, commercial...

Je m'en suis vite rendu compte sur le terrain lorsqu'il a fallu discuter avec de potentiels prospects.

Ceci s'apprend ainsi sur le terrain, avec l'expérience et la rencontre de nouvelles personnes.

En revanche, techniquement, nous sommes très bons et assez complets dans tous les domaines tant financier, fiscal, juridique, social et comptable.

Ensuite concernant nos cabinets respectifs, chaque membre du groupe avait ses compétences spécifiques et ses difficultés.

En utilisation numérique par exemple, Malikath était un peu à la ramasse au vu de son cabinet où le travail était essentiellement sous forme papier. Contrairement à moi, qui dans mon cabinet, suis en full digital.

Je suis dans un univers assez « startupper », axé sur l'utilisation d'outils ergonomiques, d'échanges entre les clients uniquement via numérique. Nous n'avons aucun papier dans nos bureaux.

Cette manière de travailler séduit énormément de jeunes entrepreneurs innovant dans l'IT par exemple.

De plus, avec le fait d'avoir de grandes responsabilités dans mon cabinet, j'acquiers énormément en autonomie dans l'accompagnement des clients et dans la gestion de leur dossier.

Le principal inconvénient, c'est qu'il faut se former continuellement et être « à la page ».

L'évolution technologique avance à une vitesse inimaginable. Il ne faut surtout « pas louper la tire ». Nous nous en rendons vite compte lorsqu'un nouveau client nous propose d'utiliser un nouvel outil d'échange et de travail collaboratif nous permettant de gagner énormément de temps dans notre travail.

Les clients sont très exigeants et chaque client étant unique nous n'avons pas la même façon de travailler d'un client à un autre.

Ainsi ceci demande une grande force d'adaptabilité et de veille numérique, en plus de la veille sociale, fiscale, juridique et comptable qui représente le c½ur de notre métier : le conseil.


Mohammed BENAYAD

Effectivement, nous évoluons dans des structures très différentes...

Compte-tenu de notre niveau d'expérience, l'absence d'automatisation des process n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Étant là pour apprendre, cela nous permet ainsi de mieux comprendre les automatismes comptables, les règles, les « trucs et astuces » et autres usages propres à chaque organisation.

Prenons l'exemple élémentaire d'une déclaration de TVA. Nous allons procéder à la saisie des différents éléments (factures), au rapprochement de la TVA, au contrôle des encaissements, puis à la déclaration, pour enfin arriver au paiement.

Certes, il s'agit d'un travail chronophage. Cela étant, apprendre demande du temps également ! Il convient d'avancer par étape pour comprendre les choses au mieux, et non pas d'arriver dans un environnement pré-paramétré où il n'y aurait qu'à lancer une requête pour obtenir le montant de TVA à payer...

Dans notre situation d'alternants, ces « lacunes » des entreprises jouent finalement en notre faveur. À l'inverse, une fois les bases acquises, l'automatisation devient nécessaire pour gagner en efficience. Il nous appartient alors de capitaliser sur le temps gagné pour élargir notre champ de vision et continuer à nourrir notre réflexion.



Sandra Schmidt
Rédactrice sur Compta Online de 2014 à 2022, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.