Obtenir le DEC : quelques clés pour bien gérer ses études et son stage

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Peut-on obtenir le DSCG en un an ? Et son diplôme d'expertise comptable tout de suite après l'obtention de son attestation de fin de stage ?

Quelles sont les perspectives professionnelles d'un jeune diplômé de 24 ans ?

Découvrez le parcours d'un jeune diplômé.

Le diplôme d'expertise comptable ou DEC peut être obtenu à tout âge. Chaque année, il y a un doyen et un benjamin, homme ou femme.

Le benjamin est souvent très jeune par rapport à la moyenne d'âge des candidats.  Il est la preuve que l'on peut obtenir le diplôme d'expertise comptable dès la fin de ses études et ce, malgré la charge de travail non négligeable en cabinet.

Diplômé à la session de mai 2017, il nous décrit son parcours et nous parle de ses projets.

Présentation

Matthieu Sannet, 24 ans, est diplômé d'expertise comptable lors de la session de mai 2017. Son mémoire portant sur « l'audit légal des formations politiques, une mission citoyenne au c½ur de la vie démocratique » a été obtenu avec la note de 16/20.

Bonjour Matthieu, vous êtes membre de Compta Online et vous avez réussi votre DEC à la session de mai 2017. Avec une particularité, vous avez 24 ans, et vous êtes sans doute le plus jeune diplômé de cette session.
Pouvez vous nous retracer votre parcours scolaire puis professionnel ?

Bonjour Frédéric,

Après un bac scientifique mention TB, j'ai choisi (c'était donc un choix) le cursus de l'expertise comptable par sa voie la plus directe (« LMD ») en optant pour le DCG, obtenu lors de la session de juin 2012, puis le DSCG validé en 2013. J'ai préparé ces examens au sein d'une école de gestion à Nantes (ICEE).

Le cabinet FIDACO à Angers, intégré dans cette perspective en novembre 2013, m'a permis de commencer le stage au 1er janvier 2014. J'y ai essentiellement contribué à des missions d'audit légal de comptes sociaux, de consolidation et d'externalisation (reporting).

L'attestation de fin de stage acquise en février 2017, j'ai pu candidater au DEC dès la première session qui m'était ouverte, c'est-à-dire celle de mai.

Quelle a été votre stratégie pour le DCG et le DSCG ? Dans quel ordre avez vous passé les UEs des diplômes et pourquoi ?

Ma stratégie n'a sans doute rien de très original : avec pour but, dès l'origine, d'aller dans la mesure du possible jusqu'au DEC, j'ai suivi l'ordre des enseignements alors déterminé par mon école, soit :

  • En DCG 1 : Introduction au droit, économie, systèmes d'information, introduction à la comptabilité, langue vivante facultative (espagnol) ;
  • En DCG 2 : droit des sociétés, droit social, finance, anglais ;
  • En DCG 3 : droit fiscal, management, contrôle de gestion, comptabilité approfondie.

Pour ce niveau Licence et si j'excepte les premiers mois d'adaptation (n'ayant jamais suivi auparavant de cours d'économie), c'est probablement la 3ème année qui s'est révélée la plus dense en termes d'enseignements.

En DSCG, j'ai passé l'ensemble des UE y compris l'UE de langue vivante facultative (espagnol) en une seule présentation. Cette stratégie n'est envisageable qu'à condition d'y consacrer, sur la période, tout le temps et l'énergie nécessaires... (sans être impossible, plus difficile pour ceux en contrat de professionnalisation).

Comment avez vous géré vos rapports de stage, rapports semestriels et mémoires tout au long de votre cursus ?
Sur quelles thématiques ? 

En DCG, mon sujet de rapport de stage m'avait été suggéré par un associé à l'occasion d'un premier passage de 6 semaines en cabinet. Ce rapport portait assez classiquement sur l'optimisation envisageable entre IS et IR pour un BNC (médecin), mais dans le cadre de l'adoption du statut d'EIRL (actualité juridique du moment).

A l'inverse, j'ai décidé de mon thème de mémoire de DSCG  avant même d'entrer en stage, par intérêt personnel, et ce en m'assurant auprès du cabinet qu'il réalisait ce type de missions. Ce mémoire portait sur la mission légale de mise en état d'examen des comptes de campagne.

Assez logiquement, j'ai contribué à ce type de missions pour le compte du cabinet FIDACO et participé à l'audit de formations politiques. L'un de mes rapports semestriels s'est orienté vers ces domaines en se focalisant sur l'optimisation du remboursement forfaitaire octroyé par l'Etat aux candidats.

Deux autres rapports semestriels ont été consacrés à des thématiques très différentes puisées dans les dossiers traités, à savoir une problématique de comptabilisation et d'évaluation d'un actif incorporel dans le secteur de l'aéronautique et la planification d'une mission d'audit légal auprès d'une société en redressement judiciaire.

A mon sens, l'une des clés a été d'anticiper au mieux les obligations de stage et donc de rédiger avec au moins 6 mois d'avance ces rapports semestriels. L'idée étant de consacrer la 3ème année de stage à la préparation du mémoire.

Le choix du sujet demande bien sûr un temps de maturation pour s'assurer de la faisabilité du mémoire. Ce choix a été l'issue d'une première réflexion par élimination (discussion au cours des journées de regroupement du stage, participation à un petit-déjeuner du Club Secteur Public de l'OEC).

Mon rapport-notice était donc un premier jet, affiné par la suite :

  • pour la forme, selon les commentaires de mon groupe de travail à l'ENOES ;
  • pour le fond, selon les observations de spécialistes contactés à cet effet.

Ma notice a été finalement déposée en octobre 2016 et mon retour d'agrément obtenu début décembre pour une rédaction entamée dès août 2016 avec mise sous pli « dans la nuit » du 14 au 15 février 2017...

J'insiste vraiment, dans la construction du mémoire, sur l'importance des échanges, avec ses amis (et futurs confrères) stagiaires et mémorialistes comme avec des professionnels (groupes de travail des institutions – OEC/CNCC) et universitaires (j'ai par exemple eu la chance de participer à un colloque à Dijon organisé sur le thème de la moralisation du financement des campagnes électorales et de co-rédiger avec Romain Rambaud, professeur de droit public à l'université de Grenoble, un article dans la revue d'Actualité Juridique du Droit Administratif des Editions Dalloz).

Le CROEC des Pays-de-Loire proposant un accompagnement à la relecture du mémoire, j'ai également pu compter sur les recommandations de forme d'une professionnelle chevronnée, membre du cercle Marengo des experts-comptables retraités.

Les épreuves écrites ne sont pas non plus à négliger. Ma préparation a consisté à revenir dès que possible aux textes sources (Code de commerce, Codes de déontologie, règlements comptables, NEP, etc.) pour apprendre à y naviguer et s'est doublée de 5 journées de formation suivies au CEECAARA et à l'ASFOREF. J'ai également participé au DEC POSSIBLE en région.

Vous avez obtenu, à 24 ans un diplôme de niveau doctorat (BAC+8), le DEC offre de belles perspectives professionnelles.
Quels sont vos projets ?

La ligne actuellement défendue par le Président du CSOEC inclut la reconnaissance de spécialisations, de façon à mieux asseoir sa légitimité et sa visibilité auprès d'un secteur professionnel en particulier.

Pour ce faire et compte-tenu de mon appétence pour les problématiques liées au secteur public, j'ai décidé de suivre une formation à caractère pratique (master gestion publique) de nature à orienter mon exercice futur.

Développement d'un pôle dédié au sein d'un cabinet, création ex nihilo, Cour des comptes... : les perspectives sont ouvertes à moyen terme. Les choix devront s'affiner au gré des missions confiées et des rencontres.

Obtenir ce diplôme à seulement 24 ans n'est-il pas un handicap vis à vis des employeurs et/ou clients ?

Merci Frédéric pour cette très bonne question qui, vous vous en doutez, me préoccupe forcément... Je suis conscient que la légitimité professionnelle se construit sur le terrain, quand bien même le DEC évalue au moins une certaine capacité à faire.

Plus que l'âge – qui n'est pas en soi une carte de visite - je pense que ce qui compte est davantage :

  • l'expérience :
    - Sa durée : avec 4 ans d'expérience je ne suis sans doute pas tant que cela un cas isolé ;
    - Mais surtout sa nature (expérience d'encadrement, diversité des missions assurées, fréquence et qualité des contacts avec les clients) ;
  • et la maturité dont on peut faire preuve, dans la relation entretenue avec les clients comme vis-à-vis des employeurs.

C'est donc à moi qu'il revient de convaincre de ma compétence, compétence que je vais bien entendu travailler à consolider et à valoriser dans les mois et les années à venir en lien avec mes domaines d'intérêt.



Frédéric Rocci
Fondateur de Compta Online, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.
Je suis avant tout un entrepreneur. Je cotoie et j'observe la profession comptable depuis plus de 20 ans. Rédacteur à mes heures perdues, j'affectionne plus particulièrement les sujets qui traitent des nouvelles technologies et du digital.
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