Les perspectives d'avenir des commissaires aux comptes après la loi PACTE

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La norme d'audit des petites entreprises, l'indépendant business review ou encore la communication des professionnels auprès de leurs clients pourraient être un début pour limiter la concentration des cabinets d'audit.

Retour sur les plénières des 31è assises des commissaires aux comptes à Marseille.

Sans avoir besoin d'aller jusqu'à l'audit en temps réel qui semble encore relever de la fiction en France ou presque, il est d'ores et déjà possible de trouver des pistes de développement pour les commissaires aux comptes.

Ces pistes de développement du marché des commissaires aux comptes sont autant de perspectives d'avenir.

Domestiquer la révolution numérique et proposer de nouveaux produits

Proposer des services en temps réel via le big data est une autre piste à explorer par les commissaires aux comptes désireux de développer leur cabinet dans ce contexte si particulier de la loi PACTE.

Daniel Cohen, économiste et essayiste estime que « la société du big data propose de numériser les humains pour produire du rendement et de la croissance dans une société de services qui, il y a cinquante ans, aurait été incapable d'en produire ». Sa vision de la révolution numérique est très positive en ce qu'elle donne de nouvelles perspectives aux professionnels.

Les commissaires aux comptes doivent ainsi « domestiquer cette révolution numérique, proposer des nouveaux produits et être capable de s'imposer comme des interlocuteurs qui peuvent proposer autre chose qu'une simple plateforme économique à leurs clients ». Disposer de l'intelligence artificielle, créer leurs propres applications est ce qu'il propose aux commissaires aux comptes qui doivent ainsi être « plus rapides, plus efficaces et maîtriser ces technologies ».

Jean-Paul Bailly ajoute que les commissaires aux comptes « doivent regarder le changement en face, ne pas avoir peur et ne pas être dans une attitude uniquement défensive mais aussi offensive ».

Sans perdre leur identité ou leur ADN, ils doivent « entrer dans la réflexion de la manière dont ils vont innover, se diversifier, se développer ». Le groupe La Poste est ici un excellent exemple d'une entreprise de service public qui a su se réinventer.

Apprendre à communiquer, un nouvel enjeu pour les commissaires aux comptes

Le commissaire aux comptes doit communiquer davantage sur ce qu'il fait auprès de ses clients. Loin de refaire les travaux déjà réalisés par l'expert-comptable, il doit apprendre à expliquer son rapport aux entreprises et aux parties prenantes intéressées.

Christine Guéguen, présidente du H3C y voit une solution de rebond pour les commissaires aux comptes. Elle précise ainsi, s'adressant aux commissaires aux comptes que « vous n'y arriverez que si dans vos rapports, vos écrits et dans les contacts que vous aurez en permanence avec les chefs d'entreprises, parce qu'il faut qu'ils soient réguliers, vous prenez le temps de leur dire des choses importantes, de leur dire ce qui est utile pour eux ».

Pour Farouk Boulbahri, président de la CRCC d'Aix-Bastia, « c'est un mal pour un bien ». Pour lui, il y a de « nouveaux enjeux au niveau des risques dans une société qui évoluent tous les jours ».

Les professionnels et leurs institutions nationales et régionales « doivent mettre en place un plan marshall pour la formation au sein de la profession ». Il s'agit ici de rendre les formations à la communication et aux technologies obligatoires parce qu'elles ont généralement moins de succès que les formations purement techniques. Leur importance ne fait pourtant que croître avec le temps.

L'audit legal PE devient, aux yeux de Steve Amat, président de la CRCC de Montpellier, le « principal outil du rebond des commissaires aux comptes » à une condition qui est le fait que « la norme doit s'autosuffire ».

Deux axes de développement : l'independant business review ou IBR et les transmissions d'entreprises

Cette opinion est celle d'un banquier qui fait régulièrement appel aux commissaires aux comptes lorsqu'il a besoin de leur rapport. Frédéric Ronal est le directeur d'ARKEA Banque à Marseille.

À ses yeux, les commissaires aux comptes doivent « arrêter de parler de leur produit et parler davantage de leur marché », un « marché qui existe mais qui n'est pas toujours investi », selon lui, par les professionnels.

« Les très grands cabinets d'audit ont fait des IBR ou Independant Business Review leur fonds de commerce ». De plus en plus demandé par les banquiers, « l'IBR concerne les entreprises en difficultés, les entreprises cédées ou les entreprises à un moment particulier de leur développement ».

C'est une « possibilité pour tous les commissaires aux comptes » qui « ont les compétences nécessaires » pour le faire, sans formation complémentaire.

Dans le « cadre des transmissions d'entreprises, le commissaire aux comptes peut s'occuper de la valorisation et de la due diligence ». Le commissaire aux compte « a ici une compétence et une signature qui le rend légitime ».

Ce sont deux axes de développement qui existent déjà pour les commissaires aux comptes, le plus souvent sans formation complémentaire.



Sandra Schmidt
Rédactrice sur Compta Online de 2014 à 2022, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.