Les OGA ne nous manqueront pas ! En êtes-vous si sûr ?

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Et voilà, clap de fin pour les OGA (organismes de gestion agréés).

Depuis le temps il fallait bien que cela arrive. L'administration fiscale et les experts-comptables dans leur très grande majorité attendaient ce moment. Alliés de circonstances et avec l'aide de politiques en recherche « d'actes forts » (!), ils ont eu la peau des OGA.

Pour l'administration, les syndicats pavoisent : « exit ces « privés » qui faisaient du contrôle à notre place et qui ont permis la suppression d'un certain nombre de fonctionnaires » ; pour le Budget ont peut imaginer que les nouveaux outils utilisés par l'administration pour analyser les FEC (fichiers d'écritures comptables) feront le même travail que ceux déployés par les OGA. Pour les politiques, ils sont très satisfaits, ils ont ½uvré pour l'amélioration de la trésorerie des TPE : elles vont économiser de 150 à 200¤ par an...

Pour les experts-comptables, la satisfaction est toute autre. Bien que de très nombreux OGA aient été créés par des experts-comptables (!) leur existence était une insulte à leur compétence. Hélas, depuis la création des OGA la SIGNATURE de l'expert-comptable n'était toujours pas reconnue et il fallait (scandale !), faire contrôler les déclarations des petites entreprises, des professionnels libéraux (donc les travaux les plus simples) par ces « anomalies » que sont les OGA !

Je reconnais bien volontiers que nouvel inscrit à l'ordre à cette époque je partageais ce point de vue ! Et puis il a bien fallu faire avec ; alors ces OGA sont devenus, en ce qui me concerne, comme un service de contrôle interne, un outil de formation complémentaire pour les collaborateurs en charge de ces dossiers (oui ! les remarques étaient souvent justifiées... et l'on ne faisait plus deux fois la même erreur !)

Et puis les circonstances ont fait que je me suis investi dans le fonctionnement de France Gestion et depuis des années je vois les choses de l'intérieur.

Inutile de revenir sur la mission régalienne des OGA, les experts-comptables qui supervisent les analystes salariés des OGA connaissent, eux, les remarques que les OGA étaient amenés à faire...passons... et parlons plutôt des autres actions des OGA (j'en vois déjà certains sourire...).

Je ne relèverai que celles ci :

  • Formation : ce sont 80 à 130 000 participants en formation par an, et plus de 10 000 stages annuels ;
  • Information : newsletter et journaux d'information ;
  • Statistiques : sur plus de 600 professions et sur 100 cessions de fonds de commerce, artisanaux et de patientèles ;
  • Observatoires : mensuel et trimestriel du chiffre d'affaires.

On objectera qu'en ce qui concerne ces trois derniers points, le CSOEC assure également ces services. Certes, mais en matière de communication les statistiques TPE de la Fédération des CGA sont très attendues et reprises par la banque de France et la Banque Populaire. La FCGA et la société ATOMETRICS sont partenaires depuis plusieurs années et ont développé des études spécifiques sur les villes, les fonds de commerce, des observatoires de la TPE... et nous ne pouvons que nous féliciter de voir le contact pris récemment par le CSOEC avec cette dynamique société. Pour l'information, bien évidemment les cabinets diffusent eux aussi leur plaquette... certes, mais pas tous, pas les plus petits...

En revanche, pour la formation, ces questions : qui demain assurera la formation de vos clients TPE, artisans, commerçants et professionnels libéraux ? Qui prendra le temps d'élaborer avec ces TPE un programme des formations qui les intéressent ? Qui sélectionnera les animateurs ?

La profession feint d'ignorer que ce sont des experts-comptables au sein des OGA qui se sont chargés de former, d'informer, d'acculturer ces entrepreneurs depuis plus de 40 ans. Ce n'était pas chose facile, ces chefs d'entreprises n'ont, eux, aucune obligation de formation pour les « encourager » à se former !!!

Experts-comptables, êtes vous prêts à abandonner totalement ce rôle de formateurs aux CCI, aux Chambres de métiers et de l'artisanat et demain aux partenaires de la profession ? La formation n'est-elle pas aussi un moyen d'accompagner les chefs d'entreprises ?

Des solutions existent... Les experts-comptables des « futurs ex. OGA » y travaillent et si ces formations concernaient hier de 80 à 130 000 (uniquement leurs adhérents) demain elles pourraient concerner l'ensemble des TPE quelque soit leur statut juridique .

La communication des experts-comptables et la valorisation de leurs travaux ne passent-elles pas aussi par la FORMATION ? Les adhérents des OGA créés à l'initiative des experts-comptables, eux, le savaient.


  

Serge Heripel est expert-comptable retraité et vice-président de l'organisme mixte de gestion agréé France Gestion.