Le plan de financement et toutes ses subtilités

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Le plan de financement est un tableau qui récapitule les flux de trésorerie générés lors de la création ou de la reprise d'une entreprise. Pour le dirigeant, c'est un outil de communication et de prise de décision qui met l'accent sur l'équilibre financier de son projet. Intéressons-nous à ce document et aux éléments qui le constituent.

Un tableau financier intégré au business plan



Le rôle du plan de financement

Le plan de financement détaille les besoins de l'entreprise, c'est-à-dire les sommes qu'elle décaisse pour son activité. Il liste également ses ressources : les sommes qu'elle encaisse pour financer ses besoins. Le plan est équilibré si les ressources de la société suffisent à couvrir ses besoins.

Il est établi notamment lors d'une création d'entreprise. Il constitue en effet un moyen de s'assurer que le projet, tel qu'il va être mis en ½uvre, est financièrement faisable. Pour le dirigeant, c'est donc un outil de pilotage. Il lui permet d'analyser l'impact de sa stratégie sur la trésorerie de l'entreprise. Le plan fait ressortir une trésorerie négative ? C'est le signe que des financements supplémentaires doivent être trouvés, ou que le projet doit être modifié ou revu à la baisse.

C'est aussi un outil de négociation pour obtenir des financements externes, en particulier de la part des banques. Il fait en effet partie du volet financier du business plan. Une fois équilibré, il rassure en décrivant la capacité de l'entreprise à rembourser ses emprunts.

Quelle est la différence entre un tableau de financement et un plan de financement ?

Le tableau de financement est établi à partir du bilan comptable. C'est un document rétrospectif, contrairement au plan de financement qui est prévisionnel.

La construction d'un plan de financement

Le plan de financement prend la forme d'un tableau horizontal ou vertical en deux volets : une partie « ressources » et une partie « besoins ». Les éléments qui le constituent sont à renseigner pour leur montant hors taxes, sauf si la TVA n'est pas récupérable par l'entreprise (qui renseignera dans ce cas les montants TTC).

Il existe de nombreux logiciels, gratuits ou payants, qui permettent d'établir les différents documents du business plan. Il est cependant également possible d'utiliser un classeur comme Excel ou Google Sheets.

Il peut être réalisé par le chef d'entreprise. Il est toutefois conseillé de faire appel à un expert-comptable. Un prévisionnel financier validé par un professionnel du chiffre permet de rassurer la banque sur sa fiabilité.

Comment se construit un plan de financement ?

Pour construire un plan de financement, il faut :

  • recenser les dépenses auxquelles l'entreprise doit ou devra faire face ;
  • identifier les financements dont elle bénéficie ;
  • vérifier que le plan soit équilibré. À défaut, il faut rechercher des financements externes, augmenter ses apports personnels ou revoir le projet pour diminuer les besoins de trésorerie ;
  • mettre à jour le plan en tenant compte de ces modifications. Attention, de nouvelles ressources entraînent généralement de nouveaux besoins : augmentation des intérêts d'emprunt bancaire ou des dividendes à distribuer par exemple.

Le plus souvent, deux types de plan sont établis : un plan de financement initial et un plan de financement prévisionnel.

Un plan de financement initial pour des besoins couverts au démarrage

Le plan de financement initial rend compte de la situation financière de l'entreprise avant le début de son activité. Au moment de le constituer, il est impératif d'être exhaustif et précis, en se basant le plus possible sur des devis.

Il est conseillé de s'assurer que les ressources soient supérieures aux besoins, et non seulement à l'équilibre. De cette manière, l'entreprise bénéficie d'une trésorerie de démarrage qui lui permet de faire face aux imprévus.

Voici une trame d'un plan de financement initial, suivie de précisions sur les éléments qui le constituent :

Ressources

+

+

+

+

+

Apport en capital

Apport en compte courant

Emprunts

Prêts d'honneur

Subvention

Total des ressources

Besoins

-

-

-

-

Investissements corporels et incorporels

Stocks

Besoin en fonds de roulement

Trésorerie

Total des besoins

Écart (Ressources - Besoins)

Les besoins initiaux

Les investissements

La création d'une société s'accompagne d'un investissement dans des biens durables qui vont être conservés sur le long terme : immobilisations corporelles (matériel, travaux...), immobilisations incorporelles (fonds de commerce...) et immobilisations financières (cautions, dépôts de garantie...).

Le besoin en fonds de roulement (BFR)

Le BFR est le besoin de financement qui résulte du décalage entre les flux de trésorerie entrants et sortants générés par l'exploitation.

Le BFR initial est composé des achats non durables nécessaires au démarrage de l'entreprise. Il se calcule de la manière suivante :

BFR initial = Stocks de départ + Frais généraux payables d'avance + Crédit de TVA

Si l'entreprise peut récupérer la TVA, le crédit sera remboursé, ou imputé par la suite sur la TVA collectée. Cependant, l'entreprise réalise ses achats en TTC. Elle doit donc être en mesure d'avancer la TVA dans un premier temps.

Les ressources financières

Le plan comprend également les ressources financières initiales de l'entreprise. Ce sont les financements externes et par fonds propres dont elle dispose, et notamment :

  • les apports en capital social ;
  • les apports en compte courant d'associés ;
  • les emprunts accordés par les banques ;
  • les subventions d'investissement.

Un plan de financement prévisionnel pour un projet pérenne

Le plan de financement prévisionnel est généralement établi sur une période de deux à cinq ans, et le plus souvent sur trois ans. Contrairement au plan initial qui compile des informations réelles, ce plan est basé sur des hypothèses. Il s'agit d'une simulation de la situation de l'entreprise. Son objectif est de vérifier son équilibre financier sur plusieurs années, et de s'assurer de sa pérennité.

Il s'appuie sur le solde de trésorerie en début d'exercice pour aboutir à un solde en fin d'année. Ce sont donc les variations prévisionnelles de flux de trésorerie qui doivent y être renseignées.

Comme précédemment, voici un exemple de plan de financement :

Ressources

N

N+1

N+2

 +

 +

 +

 +

 +

 +

Compte courant d'associé (apport)

Emprunts

Subventions

Cession d'immobilisations

Remboursement de crédit de TVA

Capacité d'autofinancement (CAF)

Total des ressources

Besoins

 -

 -

 -

 -

 -

Remboursement des crédits

Compte courant d'associé (remboursement)

Investissements

TVA à payer

Variation du besoin en fonds de roulement (BFR)

Total des besoins

Solde de Trésorerie de début de période

Ecart (Ressources - Besoins)

Solde de Trésorerie de fin de période

Les besoins générés par l'activité

Certains événements de la vie d'une entreprise peuvent générer de nouveaux besoins de financement. C'est le cas par exemple :

  • de nouveaux investissements ; 
  • d'une distribution de dividendes ;
  • du remboursement d'un emprunt ou d'un compte courant d'associé.

Les nouvelles ressources financières

L'entreprise peut également bénéficier de nouvelles sources de financement, parmi lesquelles :

  • un prêt bancaire ;
  • une augmentation de capital ;
  • la cession d'une immobilisation. Dans ce cas, le prix de cession doit être majoré de l'économie d'impôt résultant de la moins-value, ou minoré de l'impôt sur la plus-value.

Les éléments qui peuvent constituer des besoins ou des ressources

Le BFR

Au cours de la vie de l'entreprise, le BFR se calcule de la manière suivante :

BFR = Encours moyen des créances clients + Stocks moyens - Encours moyen des dettes fournisseurs

Dans le plan prévisionnel, on renseigne la variation du BFR : c'est la différence entre le BFR en fin d'exercice et le BFR en début d'année.

Si la variation est positive, le BFR a augmenté et constitue un besoin supplémentaire qui doit être financé. Au contraire, si elle est négative, la variation s'impute dans la partie « ressources ».

La capacité d'autofinancement (CAF)

La capacité d'autofinancement désigne le surplus de trésorerie que l'entreprise génère grâce à son activité. Elle peut s'exprimer de la manière suivante :

CAF = Produits encaissables - Charges décaissables

Positive, elle constitue une ressource. Une CAF négative représente au contraire un besoin : l'activité ne génère pas la trésorerie nécessaire pour se financer.



Frédéric Rocci
Fondateur de Compta Online, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.
Je suis avant tout un entrepreneur. Je cotoie et j'observe la profession comptable depuis plus de 20 ans. Rédacteur à mes heures perdues, j'affectionne plus particulièrement les sujets qui traitent des nouvelles technologies et du digital.
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