L'irrésistible évolution de la profession comptable vers le conseil

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L'activité d'expertise comptable regroupe des missions aussi diverses que variées, telles que la recherche de financements, l'acquisition et la transmission de biens immobiliers privés ou professionnels, la gestion fiscale du patrimoine [1].

S'il est un domaine où la notion de conseil prend tout son sens, c'est bien celui de l'immobilier d'entreprise, sujet significatif s'il en est chez les clients de l'expert-comptable.

« L'expert-comptable doit élever son niveau de compétence, démontrer son savoir-faire et habilement le faire-savoir »

Le conseil patrimonial est pluridisciplinaire : il exige des connaissances non seulement économiques et financières, mais également juridiques et fiscales. Son intégration aux missions proposées par l'expert-comptable est incontournable.

Ainsi, l'expert-comptable doit élever son niveau de compétence, démontrer son savoir-faire et habilement le f a ire-savoir.

Il faut, dans chaque cas, définir une solution optimale et analyser les moyens de sortie du carcan induit par certaines situations. Autrement dit, préconiser ce qui est à faire et défaire ce qui ne l'est pas.

L'immobilier d'entreprise a toujours suscité de nombreuses interrogations. Doit-on l'intégrer à l'exploitation ? Si oui, comment le préserver en cas de difficultés ? Par quelles mesures le financer et optimiser ses revenus ?

Ces questions n'appellent évidemment pas une réponse unique et il serait mal avisé de leur apporter des solutions généralistes.

Si le patrimoine est juridiquement qualifié d'universalité de droit, on ne peut réduire sa gestion à une universalité de moyen.

Aussi, le choix d'une stratégie d'investissement mérite donc toute l'attention du chef d'entreprise et de son conseil, l'expert-comptable.

Il s'agit d'une élaboration sur-mesure de la stratégie patrimoniale, qui allie les techniques juridiques, fiscales et financières les mieux adaptées à la situation du dirigeant.

« L'expert-comptable doit s'affranchir de la vision étroite et dogmatique qu'un certain courant réfractaire au sein de la profession se fait des missions de conseils »

L'expert-comptable, dans son rôle de conseil, est le plus à même pour organiser la stratégie patrimoniale du chef d'entreprise.

Il est incontestablement son partenaire privilégié, dans une économie en perpétuelle mutation et avec une législation fiscale remaniée en permanence.

La fiscalité immobilière française est l'expression d'une vision réductrice de l'économie selon laquelle il y aurait, d'une part, l'économie « productive » limitée aux placements mobiliers et, d'autre part, l'économie « improductive » correspondant aux investissements immobiliers.

Cette conception est, d'ailleurs, assez déconcertante puisque l'immobilier d'entreprise contribue à la croissance de l'économie. La technocratie dans toute sa splendeur !

Dans ce contexte, l'expert-comptable doit s'affranchir de la vision étroite et dogmatique qu'un certain courant réfractaire au sein de la profession se fait des missions de conseils.

Et ce, malgré tout l'engagement du Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables en la matière depuis plusieurs années.

L'expert-comptable doit embrasser l'ensemble des opportunités offertes par la maîtrise de la gestion du patrimoine. C'est à cette condition qu'il pourra répondre aux défis de l'évolution de la profession comptable de demain.

Il doit s'orienter vers la formation aux missions de conseils, pour lui-même et ses équipes. Parallèlement, il doit développer une vraie stratégie marketing pour ces missions ; on parle alors de faire-savoir.

« La spécialisation en gestion fiscale du patrimoine procurera à l'expert-comptable un avantage concurrentiel non négligeable »

L'enjeu ici est un changement de pratiques professionnelles, si ce n'est de culture du métier.

La spécialisation en gestion fiscale du patrimoine procurera à l'expert-comptable un avantage concurrentiel non négligeable, si ce n'est fondamental, y compris dans le cadre de l'interprofessionnalité et face à l'uberisation de la profession.

L'expert-comptable et ses collaborateurs doivent veiller à conserver leur o u v erture d'esprit et leur curiosité qui leur permettront d'être à la fois attentifs à leur environnement et spécialistes dans leur comportement. « L'important est de ne jamais arrêter de se poser des questions » [2].

S'il est vrai que la gestion du patrimoine est souvent synonyme de recherche d'avantages fiscaux, de « défiscalisation » -terme ô combien porteur de connotations péjoratives- l'expert-comptable avisé ne doit pas la pratiquer pour répondre aux contraintes purement fiscales du dirigeant.

Bien d'autres préoccupations doivent prévaloir dans l'esprit du chef d'entreprise et de son conseil : les buts juridique, économique et financier sont de loin les plus dignes d'intérêts et doivent toujours constituer les fondamentaux de la réflexion.

Chercher à les atteindre par la voie la moins imposée relève d'une gestion fiscale saine, car nul n'est tenu de payer plus d'impôt qu'il ne doit.

« Le rôle de conseil doit permettre l'échange et la transmission d'un savoir-faire, cela se porte en soi »

En tant qu'expert-comptable, je m'épanouis dans les missions de conseils qui demandent recherches, approfondissement des connaissances, veille informationnelle constante et pédagogie envers les clients.

Diplômé depuis juin 2018, j'ai créé mon cabinet d'expertise comptable au cours du mois d'octobre 2018.

Pour que l'exercice du métier d'expert-comptable corresponde à mes aspirations professionnelles, il était nécessaire que je puisse m'appuyer sur un réseau et des outils performants me permettant soit d'automatiser, soit d'externaliser les tâches que je ne souhaitais pas réaliser moi-même afin d'optimiser mon temps de travail sur les missions de conseils.

Le rôle de conseil doit permettre l'échange et la transmission d'un savoir-faire ; cela se porte en soi.

On doit s'engager pour les autres, afin qu'ils réussissent et transmettent leur savoir à leur tour, c'est le sens de l'appartenance à un groupe, à un ordre et l'essence même de l'intelligence sociale.

« Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès » [3].


Jean-Baptiste VEGA, expert-comptable.

[1] Art. 22 de l'ordonnance de 1945, modifiée par la loi n°2019-486 du 22 mai 2019

[2] Albert Einstein

[3] Nelson Mandela