L'intelligence artificielle pour les commissaires aux comptes : cas d'usage

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L'intelligence artificielle est l'avenir des professionnels de l'audit tout comme elle est celle de leurs clients. Ce sont des machines capables de simuler l'intelligence et de réaliser certains travaux bien précis.

Elle ne doit pas être confondue avec l'automatisation des processus, la business intelligence, la robotic process automation ou RPA et même avec la datascience. Tous ces éléments utilisent des algorithmes plus ou moins avancés pour automatiser.

Concernant l'intelligence artificielle, il faudra parfois accepter de l'utiliser sans en comprendre le fonctionnement.

Retour sur l'atelier « le défi de l'intelligence artificielle : comment l'IA va bousculer et réinventer le métier » animé par David Martineau, Deputy CEO, Sia Partners. Une vision pratique de l'intelligence artificielle.

Les 4 apports de l'intelligence artificielle pour les commissaires aux comptes et leurs clients

« L'optimisation, l'augmentation de la capacité, la prise de décision, la prédiction sont les 4 apports de l'intelligence artificielle » précise David Martineau.

L'optimisation des processus permet le remplacement de l'homme par la machine sur un certain nombre de tâches. Particulièrement anxiogène, cet aspect de l'IA par son impact sur l'emploi est « la vraie rupture qui va beaucoup plus vite qu'auparavant et qui s'accélère ».

Le commissaire aux comptes augmenté est celui qui s'appuie sur l'intelligence artificielle dans le cadre de ses missions. Il s'agit de faire la même chose, mieux et plus vite. « La principale question est de savoir s'il faut être producteur de son intelligence artificielle à l'avenir, ou s'il faut continuer à faire les choses à l'ancienne ».

La prise de décision peut alors être facilitée, sécurisée, accélérée par l'intelligence artificielle qui « va parfois jusqu'à la prédiction dans des usages concrets, loin de la fiction ».

Exemples de cas d'usage concrets, loin de la fiction

L'intelligence artificielle tout comme les algorithmes ne peuvent être utilisés que dans certaines situations. Il n'existe pas d'intelligence artificielle qui s'adapterait à toutes les problématiques et réaliserait toutes les tâches. Elle risque en revanche de rendre certaines compétences comme la mémorisation ou les contrôles qualité, totalement obsolètes.

Pour sa mise en place, « le rôle de la donnée est essentiel et les entreprises ont déjà pris du retard » estime encore David Martineau, chiffres sur l'utilisation des données à l'appui. Ainsi, moins de 50% des données structurées seraient utilisées dans la prise de décision et les données non structurées, utilisées dans moins de 1% des cas.

Pire 70% des employés pourraient avoir accès à des données alors qu'ils ne devraient pas.

De nombreux cas d'usage existent déjà et il ne tient qu'aux professionnels intéressés d'en inventer de nouveaux. On peut citer par exemple :

  • la détection de fraude (comportements bizarres, réseaux distribution électricité) ;
  • la connaissance et segmentation de la clientèle ;
  • l'évaluation des risques ;
  • la prévision du comportement ;
  • l'efficacité opérationnelle ;
  • l'analyse de sentiments ;
  • l'analyse de la concurrence ;
  • la reconnaissance d'images.

« La plupart des outils d'intelligence artificielle et de langage naturel fonctionnent bien en anglais. C'est moins évident dans les autres langues parce que c'est difficile pour une IA d'apprendre le langage naturel ».

L'intelligence artificielle peut faire de la veille réglementaire « beaucoup plus vite qu'un humain qui passe l'essentiel du temps de veille à la collecte de l'information ». Sur les sites financiers, l'analyse des publications permet à une IA d'en synthétiser le contenu, de le classer dans des catégories et de le restituer grâce au langage naturel.

L'analyse des réseaux sociaux permet déjà de détecter certaines anomalies, utiles en matière de détection de la fraude ou d'améliorer le service client, en faisant ressortir les causes d'insatisfaction de nombreux commentaires clients.

Dès lors qu'une activité dépend en partie de la météo, l'intelligence artificielle permet de faire des prévisions de chiffre d'affaires, de niveau d'activité, de revenus à l'aide de ces données.

Ces cas concrets, les commissaires aux comptes pourraient bien les rencontrer de plus en plus souvent chez leurs clients, sans que ces derniers « ne sachent toujours comment les utiliser ».

Aux professionnels du chiffre de s'emparer de ces sujets et de réagir plus rapidement aux changements pour améliorer la qualité de l'audit.



Sandra Schmidt
Rédactrice sur Compta Online de 2014 à 2022, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.