Innover ! Une nécessité pour les experts-comptables !

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D'un côté, l'innovation détruit des emplois, devenus obsolètes. De l'autre, elle crée des emplois nouveaux et est généralement synonyme de croissance. Les experts-comptables doivent innover pour accompagner leurs clients !

L'innovation, c'est la production de quelque chose de nouveau (1). C'est aussi changer par esprit et par désir de nouveauté, introduire des nouveautés, des changements (2).

Pour les trois présidents de l'Ordre des experts-comptables région Paris Ile-de-France (OEC Paris IDF) et des Compagnies Régionales des Commissaires aux Comptes de Paris et de Versailles (CRCC de Paris et de Versaille), les experts-comptables sont une profession innovante et qui se trouve dans l'anticipation. Le portail jedeclare.com en est un bon exemple.

Mais l'innovation a aussi des conséquences sur l'emploi, même si ces conséquences peuvent être vues de manière positive. La favoriser permettra à la société d'évoluer et c'est ce que doivent faire les experts-comptables, pour accompagner leurs clients dans ce qui est sans doute, la quatrième révolution industrielle.

La conférence plénière des 26è universités d'été des experts-comptables et commissaires aux comptes de la région parisienne fait le point sur l'innovation dans la profession par le biais de trois tables rondes.

L'innovation détruit et crée des emplois

De quoi parle-t-on quand on parle d'innovation ? Quelles sont ses conséquences sur l'emploi ? Comment trouver des solutions ?

Du premier silex aux derniers robots, l'innovation est ce qui définit fondamentalement l'Homme. Cette innovation s'est considérablement accélérée ces dernières décennies, au point de passer de quelques siècles de délais, à quelques semaines.

L'Homme commence par désorganiser l'existant avant de le reformer en quelque chose de nouveau. La destruction précède la création et c'est aussi ce qui est en train de se passer avec les emplois devenus inutiles ou obsolètes.

La machine améliore les conditions de vie, remplace l'Homme dans les travaux répétitifs et inintéressants et l'oblige a évoluer pour s'adapter.

C'est pour cela qu'il est très important de laisser se créer les nouveaux jobs de demain, sans essayer à tout prix de retenir les anciens par des contrats aidés ou par toute autre manière, estime Nicolas Bouzou.

Les machines ne remplaceront jamais complètement l'Homme qui doit se consacrer à ce qu'il sait faire de mieux, utiliser son cerveau et ses idées (Marc Halévy).

Or, actuellement, il y a un véritable décalage entre certaines élites et ceux qui agissent par le biais du numérique (les do-ers, ceux qui font). Les idées ne viennent plus obligatoirement de l'élite mais des marges, des personnes qui utilisent le numérique pour régler les problèmes de la vie quotidienne et pour apprendre d'une autre manière (Laure Belot).

La culture occidentale valorise l'innovation et permet même l'émergence de l'idée selon laquelle il faudrait créer un Homme nouveau au XXè siècle.

Le défi d'aujourd'hui est d'inventer une forme d'innovation durable, qui a la fois détruit un certain nombre de formes anciennes, et réorganise les formes nouvelles sans détruire la substance (Roger Pol).

Les politiques économiques doivent favoriser l'innovation, synonyme de croissance

Les crises font partie de la vie économique. Elles ont lieu environ tous les sept ans depuis 1973 et les périodes de crises et de croissances se succèdent sauf lorsque l'innovation est en panne.

Pour Marc Touati, l'innovation est la clé de la croissance et permet d'éviter la décroissance.

Mais l'Etat, trop endetté, n'est plus en mesure de jouer le rôle qui était le sien en matière de financement de l'innovation. Et c'est peut être ce qui fait que la France, est l'un des rares pays au monde, où le taux de chômage continue d'augmenter. Les entreprises sauront-elles prendre le relais, investir dans la recherche appliquée et dépasser les 2% du Produit Intérieur Brut, équivalent au taux d'investissement dans l'innovation de la Chine ?

Sauront-elles aussi modifier leurs habitudes et investir dans d'autres secteurs que les secteurs traditionnellement innovants en France ?

L'innovation française est concentrée dans les services et la recherche fondamentale, alors que d'autres pays, comme l'Allemagne, concentrent leur innovation, d'origine privée, dans l'industrie et dans la recherche appliquée.

De grands groupes n'hésitent plus à mettre rapidement leurs produits sur le marché, sans avoir peur de son imperfection et en ayant l'humilité de tenir compte des retours de leurs clients pour l'améliorer.

Cette évolution est urgente à l'aube de la révolution numérique, selon Philippe Lemoine, à l'heure où 60% des français ont déjà acheté au moins une fois sur internet et qu'il n'y a que 11% des entreprises pour leur vendre des produits. (Philippe Lemoine)

Les petites entreprises ont un problème d'équipement technologique et les grandes entreprises un problème de culture qui rend le changement plus difficile. Parallèlement, de plus en plus d'entreprises innovent en combinant leur métier traditionnel et le numérique.

Il y a de plus en plus d'innovations numériques, qui permettent d'avoir des prestations business to business pour pouvoir gérer, exporter, de très bonnes qualités. Le paradoxe, c'est que ces deux piliers de la croissance : l'état et les administrations et les très grandes entreprises sont celles qui ont le plus de mal à s'adapter au numérique. (Philippe Lemoine)

Les politiques publiques ne doivent pas se contenter de favoriser l'innovation, elles doivent aussi favoriser l'innovation dans tous les secteurs.

L'apprentissage est essentiel pour permettre aux jeunes d'apprendre à anticiper (Isabelle Bourgeois).

L'innovation est indispensable pour les experts-comptables

La profession d'expert-comptable doit évoluer en acquérant une force symbolique et en repensant ses principes. Repenser les valeurs de la profession lui permettra d'évoluer, faire le tri entre l'obsolète et ce à quoi il ne faut pas renoncer.

Monique Atlan considère ainsi que la profession doit communiquer sur ses valeurs dans une charte pour marquer ce moment de renouvellement de mission et le faire savoir à l'extérieur de la profession. Ce n'est pas un code de déontologie mais une carte d'identité de groupe. Ces valeurs (indépendance, moralité, compétences, proximité, capacité d'écoute) peuvent devenir de véritables atouts et être créatrices de valeur ajoutée tout en permettant à la profession d'anticiper les évolutions futures liées au numérique.

Le numérique ne doit pas être synonyme de contrainte. L'expert-comptable doit s'approprier les évolutions pour pouvoir s'approprier la dématérialisation et peut être même, mettre en place un monopole de fait, là où il n'y a plus de monopole juridique. C'était plus ou moins l'objectif de jedeclare.com mais cela ne s'arrête pas là. Car pour Jean Saphores, il ne faut pas simplement accepter le changement mais l'anticiper.

C'est pour cette raison que des opportunités résident peut être aussi dans la facturation électronique et l'obligation, pour toutes les entreprises, dès le 1er juillet 2016, d'accepter les factures électroniques de leurs fournisseurs.

L'expert-comptable doit surmonter ses peurs. L'anticipation lui permettra d'accompagner ensuite ses clients (Stéphane Raynaud) et de révolutionner ses pratiques professionnelles.

La saisie comptable peut se transformer en analyse de la donnée (Big Data).

Les principaux enjeux de la révolution numérique resteront la proximité et les compétences. L'expert-comptable doit conserver la proximité avec ses clients malgré la transformation numérique et miser sur la compétence (la sienne et celle de ses collaborateurs, aptes à absorber ces nouveautés).

Plus d'infos

(1) Vocabulaire technique et critique de la philisophie, A. Lalande, 3è édition "Quadrige", PUF 2010

(2) Le nouveau petit Littré, 3è édition, Le Livre de Poche 2013



Sandra Schmidt
Rédactrice sur Compta Online de 2014 à 2022, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.