Expert-comptable : établir un prévisionnel en période de crise

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La crise sanitaire a pour conséquence de mettre de nombreuses entreprises en difficulté, à tel point que les besoins de trésorerie peuvent être importants. Le prêt garanti par l'État peut être une solution à condition d'être en mesure de fournir les bonnes pièces justificatives au banquier.

Cette nécessité de trouver des fonds pour sauver les entreprises s'ajoute aux travaux habituels de la période fiscale, déjà bien chargée.

Les banquiers réclament souvent un prévisionnel en complément des comptes du dernier exercice clos ou de chiffres lui permettant de se faire une opinion.

L'expert-comptable est donc particulièrement sollicité pour établir un certain nombre de prévisionnels, voire même pour sortir le bilan en urgence pour aider son client.

Retour sur une partie du webinar organisé par l'OEC de Paris IDF avec Laurent Benoudiz, Valérie Ammirati et Philippe Barré.

Le prévisionnel devient la priorité pour sauver les clients les plus touchés...

En pleine période fiscale, la crise du Covid-19 touche durement les cabinets d'expertise comptable qui font face à un surcroît de travail sans précédent.

Aux demandes habituelles s'ajoutent les demandes de mise en activité partielle et les demandes de prévisionnel faites par de nombreux clients.

Dans certains cabinets d'expertise comptable comme celui que dirige Valérie Ammirati, il s'agit déjà de « s'organiser comme un service des urgences » et de traiter les demandes en fonction de la situation du client et des possibilités du cabinet.

Dès lors qu'un « bilan peut sortir rapidement, il est finalisé. Dans le cas contraire, il est remis à plus tard ». Les clients obtiennent alors « des attestations, des tableaux de bord et tout ce qui peut alimenter le dossier du banquier pour lui permettre d'accorder le prêt ».

En période de crise sanitaire, « la gestion des dossiers se fait différemment et la surqualité n'est plus une option » rappelle Philippe Barré.

Par définition, le prévisionnel reste une estimation et «ne sera jamais totalement conforme à la réalité ».

Il est toutefois nécessaire « pour le banquier et pour le client afin de lui permettre d'avoir une estimation du besoin en trésorerie » à venir dans les prochains mois, poursuit Laurent Benoudiz.

Refuser d'établir un prévisionnel rapide pour l'obtention de ce prêt équivaut à « s'interdire d'accompagner ses clients ».

... mais ne correspond plus à la mission classique d'établissement du prévisionnel

L'établissement d'un prévisionnel en temps de crise ne doit pas prendre autant de temps qu'un prévisionnel habituel.

« Ce n'est pas une mission d'établissement de prévisionnel classique qui nécessite parfois plusieurs heures. Ce n'est pas un prévisionnel à long terme sur plusieurs exercices mais une mission de sauvetage » estime encore Philippe Barré.

Ce qu'il faut à ce stade, « c'est une estimation du besoin de trésorerie et le fait d'avoir la capacité à transmettre les documents demandés par la banque ».

Valérie Ammirati conseille « de prendre contact directement avec le conseiller bancaire pour savoir exactement de quoi il a besoin pour accepter le prêt » et gagner du temps. Toutes les banques n'auront pas toujours les mêmes exigences.

Enfin, le seuil de 25% du chiffre d'affaires est un montant maximum. « Le montant du remboursement demandé pour le client doit aussi tenir compte de la capacité de remboursement de l'entreprise cliente » conclut Laurent Benoudiz.



Sandra Schmidt
Rédactrice sur Compta Online de 2014 à 2022, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.