Bilan de l'activité économique des TPE en 2016

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Pour la 21è année consécutive, les observatoires économiques des Centres de Gestion Agréés nous fournissent une analyse de qualité sur l'activité économique des TPE dans l'hexagone.

Après l'espoir d'une croissance frôlant les 2%, qu'en est-il de l'activité des TPE en France ?

D'un point de vue conjoncturel, la croissance de l'économie française en 2016 n'a pas fait mieux qu'en 2015 avec une hausse du PIB estimée à 1,1%. Et cette relative hausse se répercute sur l'activité des TPE qui restent dans l'ensemble hésitantes. Les facteurs économiques tels que le prix du pétrole, le taux d'intérêt faible, la dépréciation de l'euro n'ont pas permis comme en 2015 de tirer vers le haut cette croissance.

Cependant, en 2016, les réels moteurs de cette croissance sont la consommation des ménages en légère hausse. De plus les investissements des entreprises ont soutenu cette croissance.

Revenons alors point par point sur les performances des TPE, secteur par secteur.

Les secteurs dans lesquels les performances des tpe sont en hausse



Auto-moto : + 0,9 % (contre - 2,8 % en 2015)

Principalement constitué de garagistes réparateurs indépendants, le secteur redémarre en 2016 avec une légère croissance de 0,9%. On peut expliquer cette légère hausse à travers plusieurs facteurs comme par exemple le réinvestissement des ménages dans le budget entretien de leurs automobiles. De plus, les politiques tarifaires plus attractives que celle des enseignes de constructeurs (qui perdent de la clientèle au profit des TPE).

Enfin, l'entrée en vigueur de la loi Hamon sur le libre choix du réparateur en cas de sinistre a pu permettre un déversement de la clientèle des grandes entreprises vers les TPE au bénéfice de ces dernières. Ce déversement peut principalement s'expliquer avec les atouts que les petites entreprises peuvent proposer (plus faible délai, relationnel client de qualité ainsi de suite).

Beauté-esthétique : + 0,6 % (contre - 0,4 %)   

Alors oui, cette hausse est encore timide. Elle peut s'expliquer grâce à la hausse de la fréquentation des salons de coiffure (+ 0,3 % de chiffre d'affaires) et le retour de la clientèle dans les instituts de beauté (+ 1,1 % de chiffre d'affaires).

Ces deux hausses permettent de redonner un peu de dynamisme à ce secteur qui enchaîne les mauvaises performances depuis 4 ans. Pris dans le redoutable étau des grandes enseignes nationales et des boutiques low-cost, les professions changent de stratégie (en communication et en position prix) afin de limiter cette perte de terrain sur les mastodontes du milieu et cela semble fonctionner ! Ces chiffres seront à confirmer en 2017. De plus, le milieu semble surfer sur la mode « Youtube beauté » qui permet de faire de la communication à faible coût et d'élargir significativement sa clientèle.

Santé : + 0,1 % (contre - 1,0 %)   

Avec de nombreuses lois qui permettent d'ouvrir à la concurrence ces milieux, les pharmaciens d'officine (+ 0,0 %) et opticiens indépendants (- 3,4 %) traversent une crise inédite. La baisse des prix des médicaments remboursables, l'augmentation des produits génériques ainsi de suite font que les pharmaciens s'interrogent sur leur avenir.

L'inquiétude du côté des opticiens existe également. Effectivement, sur l'année 2016 nous pouvons voir que l'activité se voit frapper d'un choc réglementaire sans précédent (encadrement des remboursements de lunettes par exemple). Ce choc réglementaire se répercute fatalement sur les ventes.

Cependant, le secteur s'en sort cette année avec une légère hausse mais ce chiffre n'est clairement pas encourageant pour l'année 2017.

Café-hôtellerie-restauration : + 0,1 % (contre - 0,8 %)   

Ce chiffre est trompeur car nous pouvons remarquer que ce sont surtout les établissements de restauration pure (+ 0,6 %) qui tirent la croissance du secteur.

Les hôtels-restaurants (- 1,6 % après - 0,3 %) enregistrent une baisse de leurs ventes, tandis que les cafés-bars (- 0,4 %) améliorent relativement leurs performances après - 1,7 % en 2015.

Affectés de plein fouet par les conséquences dramatiques des attentats de 2015 et de 2016, la fréquentation de ces établissements est en baisse, et les terribles événements de Londres et sur les Champs Elysées récemment ne rassurant par le secteur.

Les secteurs à performances en amélioration relative



Artisanat du bâtiment : - 2,1 % (contre - 2,7 %)   

Une relative amélioration de 0,6 point de pour-cent mais un chiffre toujours décevant qui peut s'expliquer par  la conjoncture qui reste nettement défavorable.

Hormis la maçonnerie (- 3,3 % contre - 1,8 %) et la plomberie-chauffage- sanitaire (- 2,6 % contre - 1,5 %), toutes les professions du secteur améliorent relativement leurs chiffres d'affaires sans pour autant renouer avec une franche croissance.

Equipement de la maison : - 0,1 % (contre - 0,2 %)   

Encouragé par le dynamisme des commerces spécialisés dans la vente d'électroménager (+ 5,8 %), le secteur améliore légèrement son taux moyen d'activité en 2016.

Ce succès commercial peut s'expliquer par le succès des robots utilisés dans la cuisine. Cependant cette hausse relative de seulement 0,1 point de pour-cent peut s'expliquer par le pouvoir d'achat des ménages qui continue de stagner suite à une croissance économique plus faible que prévue.

Commerce de détail alimentaire : - 0,4 % (contre - 0,8 %)    

On peut observer une nette amélioration dans ce secteur, notamment pour les charcutiers (+ 0,7 %) et les pâtissiers (+ 0,5 %). Cependant le chiffre d'affaire des détaillants en fruits et légumes (+ 0,6 % après + 2,5 %) et les bouchers charcutiers (- 1,5 % après - 1,3 %) est en recul.

Les performances sont en recul



Equipement de la personne : - 3,8 % (contre - 3,4 %)

Habitué des mauvaises performances depuis 2013, le secteur fait face à une nouvelle baisse de ses ventes en 2016.

Hormis les horlogers-bijoutiers qui réduisent sensiblement le niveau de leurs pertes (- 0,9 % après - 3,4 %), toutes les autres professions de l'équipement de la personne sont en recul : prêt-à-porter (- 4,0 %), détaillants en chaussures (- 5,5 %), lingerie (- 3,4 %).

Cela peut s'expliquer par l'essor du commerce en ligne, bien souvent géré par de grandes entreprises, qui grâce à leurs tailles, peuvent se permettre de brader les prix toute l'année, chose que les TPE ne peuvent pas faire.



L'équipe de la rédaction sur Compta Online