Baisse des cours de bourse : quel est l'impact sur le bilan ?

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La baisse des cours de bourse n'a pas le plus souvent d'impact direct sur la structure bilancielle d'une entreprise cotée ou non, mais un impact indirect.

En effet une entreprise cotée ou non détient très rarement des actions dans le cadre d'une activité de gestion de trésorerie ; le risque propre des actions étant antinomique de la préservation du capital qui est l'objectif du trésorier.

Elle peut détenir des actions cotées en tant que titres de participation, mais dans ce cas le caractère long terme de la participation permet de s'extraire des fluctuations boursières du cours de l'action de la participation.

Par contre, en cas de baisse forte du cours de bourse de l'entreprise cotée et si l'entreprise a des goodwills [1] à l'actif de son bilan liés à des acquisitions des années précédentes, il y aura de ce fait indice d'une perte de valeur des goodwills. Il conviendra alors de réexaminer leur valeur, quitte à passer une provision pour dépréciation qui réduira le montant pour lequel ils sont inscrits au bilan et le montant de ses capitaux propres (pour respecter l'équilibre bilanciel).

En gestion financière, une baisse des cours de bourse significative, au moins 20 %, rend difficile la réalisation d'une augmentation de capital qui pourrait s'avérer utile/nécessaire pour financer des investissements ou refinancer un endettement venant à échéance. Cela peut conduire à retarder le moment où elle sera réalisée ou à explorer des alternatives : entrée d'un investisseur (fonds d'investissement, fonds souverain), cession d'actifs [2].

Concernant les banques, la dépréciation des goodwills entrainée par une baisse des cours de bourse n'a pas de conséquence directe sur leurs ratios de solvabilité puisque leurs capitaux propres sont retenus après déduction des goodwills. Par contre, la baisse des cours, si elle est continue et importante, peut inquiéter les investisseurs qui détiennent des actions ou souscrivent des titres de dettes émis par cette banque pour se financer. Ils peuvent être conduits à refuser à l'avenir de souscrire de nouveaux titres émis par cette banque, pouvant alors lui causer des problèmes de financement (crise de liquidité) qui peuvent, à leur tour, s'ils ne sont pas stoppés, déboucher sur une faillite (cf. Lehmann). Mais il y a rarement de fumée sans feu : un cours de bourse ne baisse pas de 60 % en 6 mois comme celui de Unicredit en Italie au premier semestre 2016 sans raison : au cas particulier des craintes de sous provisionnement du portefeuille de crédits dans le contexte d'une économie italienne qui a dû mal à redémarrer avec un risque politique en octobre (référendum institutionnel). Dans ce cas, le conseil d'administration ne doit pas hésiter à prendre des mesures énergiques (changement de dirigeants, cession d'actifs, augmentation de capital, réduction ou suppression du dividende, etc.) pour casser la spirale négative, montrer qu'il y a un pilote et redonner confiance.

Enfin une baisse des cours durable, après une période de forte progression, rend inintéressant l'exercice de stock-options récemment attribuées, ce qui dans des entreprises où les hommes et les femmes sont le principal actif n'est pas sans poser des problèmes de motivation et de cohésion.

[1] Pour plus de détails sur le goodwill et son traitement, voir le chapitre 7 du Vernimmen 2016.

[2] Pour plus de détails, voir La Lettre Vernimmen.net n° 102 de novembre 2011.