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Assises de la CNCC : comment le numérique change les cabinets

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Catégorie : Création, gestion d'un cabinet d'expertise comptable
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Assises de la CNCC : organisation des cabinets et enjeux du numérique


Les 29èmes Assises de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes ont lieu à Strasbourg, les 1er et 2 décembre 2016.

Dès le départ, près de 900 congressistes sont accueillis dans une ambiance résolument alsacienne. Des spécialités culinaires locales jusque sur le stand de la CRCC de Colmar avec ses « Bredele », au snacking dans l'exposition composé de Bretzel, Fleichschnäcka, pâté en croûte et autres spécialités locales... Tout est fait pour rappeler l'Alsace en ce premier jour.

Les deux conférences de l'après-midi trancheront quelque peu avec cet ancrage local et traditionnel. Il s'agira de parler du numérique, de son impact sur le cabinet d'audit et de rappeler les conséquences probables de la réforme de l'audit sur le marché français.

 

L'inquiétude au sujet de la concentration des cabinets suite à la réforme de l'audit est toujours présente

C'est sur cette thématique que commencent les débats des assises. La réforme de l'audit aura probablement des effets contraires à ses objectifs initiaux.

Pierre Berlioz, conseiller chargé du droit des obligations, du droit économique et des professions au cabinet du ministre de la Justice, se veut ici rassurant. Il rappelle que « l'objectif de la réforme est d'apporter du renouvellement et de la diversité, pas de la concentration ».

Des 13 500 commissaires aux comptes français se partageant 235 000 mandats, 400 cabinets sont dans le champ des EIP.

Denis Lesprit, président de la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes estime que la réforme « sanctionne les commissaires aux comptes français qui n'ont pas été touchés par les scandales financiers des autres pays ».

Pour Pierre Berlioz, il ne faut pas voir cette réforme comme une sanction. Si le commissaire aux comptes « exerce son métier comme il l'a toujours fait, il n'y a pas de raison que les sanctions (prévues par le texte) soient appliquées ».

La chancellerie n'envisage pas d'aligner les seuils de la nomination des commissaires aux comptes sur les seuils européens et donc de les baisser. « La certification des comptes est un avantage pour les entreprises. Elle conforte l'impression positive qui est celle du grand public. »

 

L'adaptation nécessaire des cabinets au numérique pour l'attractivité

Lorsque l'on parle du numérique, on parle aussi et surtout de changements, de management du changement, d'agilité dans l'économie, de révolution numérique.

De nombreux acteurs du numérique et hors secteur du numérique ont sauté le pas et c'est ce que montrent les différents témoignages.

Nul besoin d'être un professionnel du numérique pour effectuer sa transition. Il suffit parfois de s'associer avec les bonnes personnes et d'utiliser les nouvelles technologies pour régler ses problèmes d'organisation interne ou pour répondre à une demande spécifique des clients.

 

La signature d'un partenariat avec le Conseil National du Numérique CNNum va dans ce sens. Le CNNum propose aux professionnels de l'audit de s'intégrer au nouveau réseau qui doit se créer. Ce réseau devra intervenir sur deux aspects auprès des dirigeants d'entreprises :

  • la sensibilisation des dirigeants au numérique ;
  • l'expertise de la transformation numérique.

Pour Sophie Floreani, responsable de la Conduite du changement chez BNP Paribas, il « faut donner envie aux gens de changer ». Il faut aussi une impulsion forte des dirigeants.

L'un des atouts des cabinets qui changent sera l'attractivité auprès des jeunes. Patrick Rolland, commissaire aux comptes témoigne d'un afflux plus important de candidats dans son cabinet depuis son passage au numérique.

 

Les nouvelles technologies changent le cabinet en profondeur et posent le problème de la sécurité des données

Pour de nombreux intervenants aux assises, la révolution numérique ne doit pas être crainte. C'est une opportunité que les cabinets doivent d'autant plus saisir, puisque les salariés ont tous ou presque des outils numériques chez eux. L'outil de travail habituel ne devrait donc pas borner les mutations, de peur de désorienter les collaborateurs.

Technologies collaboratives, partage des savoirs, mutualisation, mise en commun sont les conséquences de ces nouveaux outils. Les espaces de coworking permettent l'innovation ouverte et le développement d'affaires : c'est une tendance forte comme le rappelle Jessie Pallud, professeure des universités, responsable du master e-marketing à l'école de management de Strasbourg.

L'impact du numérique sur l'organisation du cabinet

Philippe Vincent, membre du Conseil régional de la CRCC de Versailles et commissaire aux comptes, estime que le « premier changement lié au numérique est dans la manière d'interagir avec les collaborateurs, les clients et plus largement tous les intervenants internes et externes au cabinet ».

Le second changement concerne les outils d'analyse des données : ils changent la méthodologie de mise en oeuvre des travaux du cabinet d'audit. Si toutes les données sont disponibles, il est possible de se poser la question de l'intérêt de la méthode des sondages.

Le troisième est l'environnement de contrôle de l'entreprise, et donc la sécurité ainsi que la confidentialité de ces données.

La donnée personnelle est une problématique qui concerne autant le cabinet que son client

« La donnée utilisateur et client devient centrale » indique Ely de Travieso, dirigeant d'une société de sécurité, et sa sécurisation est très importante.

Une réforme européenne en cours porte sur les données personnelles et doit entrer en vigueur à compter du 1er janvier 2018. « Elle oblige tous les acteurs à avoir une politique de conformité » et assimile « tout ce qui permet d'identifier une personne comme une adresse IP à des données personnelles » rappelle Garance Mathias, avocat près la Cour d'appel de Paris.

Cette réforme a été partiellement anticipée dans la loi relative à la révolution numérique et la réforme du droit des contrats.

Les petites entreprises sont souvent vues comme un moyen d'entrer dans les grandes entreprises qui se sont protégées au maximum. Les pirates informatiques les visent afin qu'elles servent de chevaux de Troie pour atteindre les grandes entreprises. Imaginez la responsabilité du professionnel si un pirate informatique attaque un cabinet dans le seul but d'atteindre un de ses clients !

Garance Mathias estime que les cabinets doivent se protéger et prévoir des clauses dans leurs contrats, notamment avec des intervenants externes qui s'occuperaient des systèmes d'information, afin de se protéger en cas de mise en cause de leur responsabilité.

 

Sandra Schmidt

Sandra Schmidt
Rédactrice sur Compta Online de 2014 à 2022, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.


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