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#ElectionsCSOEC Interview de Lionel Canesi, tête de liste Fier d'être expert-comptable

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Catégorie : Actualité des métiers du chiffre
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#ElectionsCSOEC Lionel Canesi détaille le programme de la liste Fier d'être expert-comptable

Les élections au Conseil supérieur de l'Ordre auront lieu du 8 au 22 novembre 2020. Dans ce cadre, Compta Online interroge les têtes de liste pour mieux comprendre leurs programmes et ambitions.

Lionel Canesi, candidat pour la liste Fier d'être expert-comptable, répond à nos questions.

Quelles sont vos principales propositions en matière de formation, initiale ou continue ?

Aujourd'hui il n'y a pas un territoire de France qui ne connaisse pas une pénurie de collaborateurs. C'est le principal frein au développement des cabinets. Dans ce domaine comme dans les autres, je souhaite que la profession prenne en main son destin, avec deux actions fortes : la mise en place de CFA régionaux, et la création de parcours de formation labellisés, avec « l'école de la profession ».

Le Conseil supérieur doit définir les profils des collaborateurs dont aura besoin la profession au cours des 10 prochaines années, et préparer un cursus de formation adapté. Ensuite, au niveau local, les Conseils régionaux pourront proposer aux établissements d'enseignement de mettre en place ces formations, labellisées par l'Ordre. C'est ce que j'appelle l'école de la profession, qui permettra de faire évoluer concrètement nos équipes.

Mais il y a un second volet : l'apprentissage. La constitution de CFA régionaux nous permettra de maîtriser les compétences des futurs alternants. Il faut avancer sur ces deux fronts en même temps. Et cela fonctionne, comme le prouvent au niveau local les actions de mon Conseil régional, avec la première formation de Data Scientist pour les experts-comptables, ou celles du Conseil régional de Paris Île de France, avec l'école ACE.

 

Êtes-vous favorable à une réforme du DEC ?

Aujourd'hui le DEC forme des experts-comptables techniciens. Demain, je veux qu'il forme des experts-comptables chefs d'entreprises. Pour cela, il faut inclure, dans le stage et dans l'examen du marketing, de la communication, de la stratégie, du management, etc. Notre diplôme est également trop tourné vers le commissariat aux comptes, et cela pose des problèmes, notamment pour la réalisation des 200 heures de CAC. La mandature qui s'ouvre ne pourra pas éviter une réflexion plus profonde sur ce sujet. 

 

Quels seraient les services apportés aux confrères et aux clients avec l'entrepôt numérique de données que vous appelez de vos v½ux ?

Une des priorités de notre projet pour l'indépendance numérique de la profession, c'est la mise en place d'outils numériques mutualisés pour les confrères. Nous souhaitons ainsi créer une plateforme d'archivage des fichiers des écritures comptables (FEC), pour disposer, à terme, d'une base de données incomparable sur le marché.

Cet entrepôt de données nous permettra d'être plus utiles à nos clients, avec par exemple des analyses comparatives, sectorielles, ou géographiques, mais aussi prédictives, en observant des tendances sur le long terme. C'est pour cela que je souhaite embaucher des data scientists au Conseil supérieur : pour créer les algorithmes qui serviront l'ensemble de la profession. Mais j'insiste sur un point : ces données doivent être accessibles gratuitement à la profession.

Cet entrepôt numérique ne doit pas servir qu'à l'analyse de données. Il faut aussi rendre des services directement aux cons½urs et confrères. On peut imaginer par exemple, que cette plateforme permette une validation formelle des FEC ou un compte-rendu d'analyse mettant en évidence les missions potentielles sur un dossier.

 

Les éditeurs auront-ils accès à cet entrepôt numérique pour développer leurs propres services ?

Non, ça n'est pas l'objectif. Ils sont évidemment utiles mais mon but est d'apporter des services à la profession, pas aux éditeurs. 

 

Quelle doit être la stratégie de la profession en matière de facturation électronique ?

Je ne partage pas la vision des instances actuelles. J'ai écrit dès 2017, qu'il fallait se positionner sur ce sujet. Mais pas en créant une plateforme parmi tant d'autres, comme c'est le cas actuellement avec jefacture.com.

Pour moi, l'Ordre devrait se positionner en tant que concentrateur, comme cela existe dans le secteur médical par exemple : les demandes de remboursement des pharmacies transitent toutes par un concentrateur, avant d'être expédiée aux mutuelles. Nous pourrions avoir ce rôle avec la facture électronique.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur le statut de tiers de confiance que vous défendez ?

Nous défendons un statut de tiers de confiance qui procure des avantages à nos clients auprès des différentes administrations. Un expert-comptable qui dépose pour son client une demande de remboursement de TVA, par exemple, doit obtenir un versement beaucoup plus rapide. Nous avons prêté serment de respecter et de faire respecter les lois, il doit y avoir des contreparties. Nous défendrons cette idée auprès de la tutelle.

 

La part de conseil dans le chiffre d'affaires des cabinets évolue très peu. Cette situation peut-elle et doit-elle changer ?

La principale difficulté de la profession, c'est de dégager le temps nécessaire. Submergés par les travaux administratifs, nous n'avons plus le temps de facturer. Bien souvent ce conseil est fait, mais rarement valorisé. La transformation numérique va nous aider à dégager le temps nécessaire du côté de nos collaborateurs. Mais à condition qu'ils soient formés pour cela.

Toutefois, je ne suis pas persuadé que le chiffre d'affaires global de la profession va augmenter. Nous allons aussi entrer dans une période de défense de nos positions sur le marché, car il deviendra de plus en plus difficile de facturer l'établissement des comptes.

 

Dans le numéro d'Ouverture d'octobre 2020, le président de la section ECF d'Île-de-France propose de « passer du paradigme où les représentants de la profession se battent pour préserver le monopole, à celui où le combat prioritaire est d'obtenir sa suppression ». Partagez-vous cet objectif ?

Je suis la tête de liste ECF-Fier d'être expert-comptable, et ma position est très claire : il est évidemment hors de question que je milite pour la fin du monopole. Mais mon devoir est de préparer la profession si un jour cette prérogative venait à disparaître.

Nous ne pouvons pas accepter de nous transformer progressivement en auxiliaires de l'administration fiscale sans rien dire. Il est vrai qu'aujourd'hui, une grande partie de la profession vit de la complexité administrative, mais notre objectif doit être plus ambitieux : être toujours plus utiles à nos clients. En d'autres termes la profession doit avoir les armes nécessaires pour expliquer à l'administration, en toute indépendance, que nous ne pouvons pas devenir son supplétif.

 

Vous vous dites opposé au rapprochement de l'Ordre des experts-comptables et de la Compagnie des commissaires aux comptes : quelles actions concrètes comptez-vous mener ?

Nous militons depuis toujours pour une séparation nette de l'audit et du conseil. Mon action en tant que président du Conseil supérieur sera ferme : tant que la CNCC ne reviendra pas de façon claire sur la fin de la séparation et ne participera pas à notre lobbying pour la suppression de ces dispositions, il n'y aura plus de mutualisation entre les deux institutions. Je ne vois pas comment il serait possible de travailler avec cette institution s½ur tout en nous opposant sur le terrain.

 

Faut-il changer le nom de la profession, comme cela a parfois été évoqué lors du 75e Congrès ?

La marque expert-comptable est une marque forte, et changer de nom ne résoudra aucun des problèmes de la profession. Selon moi il faut au contraire valoriser cette marque, expliquer ce que nous sommes, notre métier. Car le meilleur ambassadeur de l'expert-comptable, c'est toujours lui-même.

 

Quel sera le premier sujet que vous tenterez de défendre auprès de la tutelle et plus généralement, des pouvoirs publics ?

Celui de la reconnaissance de la profession. Nous devons être écoutés et consultés. Pour cela, chaque fois qu'une loi touche l'économie, il nous faut expliquer, décortiquer, proposer, en nous adressant aux pouvoirs publics, mais aussi au grand public, à travers les médias. Nous avons manqué deux formidables occasions de prendre la parole et de nous rendre visibles lors de la réforme des retraites et du premier confinement. Cela ne doit plus se reproduire.

Programmes

Compta Online vous propose un comparatif des programmes, organisés autour de 5 thématiques. Ces thématiques couvrent l'ensemble des propositions mentionnées dans les programmes des différentes listes ou évoqués lors des interventions des candidats.

 

Julien Catanese Aubier

Julien Catanese Aubier
Diplômé d'expertise comptable, après 7 ans en tant que rédacteur en chef puis directeur de la rédaction Fiscalistes et experts-comptables chez LexisNexis, Julien rejoint l'équipe Compta Online en tant que Directeur éditorial de juin 2020 à octobre 2023.


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